Chaque lundi à 16h30, je vous propose des réflexions tirées de mes lectures, de mon second cerveau, de mes expériences et observations personnelles pour essayer de mieux vivre, penser et travailler à notre époque.
Pourquoi ? Ma mission actuelle est de vous aider (et de m’aider en passant) à oser construire et développer votre philosophie de vie afin de tracer votre propre chemin et être ce que j’appelle un philopreneur.
Hello !
J’entame ma dernière semaine à Budapest avant un retour en France pour quelques semaines avant de repartir quelque part, nous verrons bien.
Ça va être l’occasion de bien finir l’année, de voir ma famille et mes amis, de prendre le temps d’analyser 2021 et de préparer les projets que j’ai en tête pour 2022.
Comme souvent, je profite cette intro pour vous remercier pour vos messages suite à la dernière édition.
Je constate que les sujets que j’aborde et que la direction que je prends avec mes contenus et cette newsletter raisonnent chez beaucoup d’entre vous.
Ça tombe bien parce que moi aussi je m’y retrouve complètement. C’est de nouveau un plaisir que d’écrire cette newsletter chaque dimanche et lundi depuis mon retour en septembre.
Pas de nouvelle vidéo Youtube cette semaine, j’ai pris du retard sur le montage de la dernière vidéo mais c’est pour une bonne raison ! Je travaille sûr - et j’ai enregistré - des nouveaux formats qui vont sortir en décembre et janvier !
Préparez-vous à me voir philosopher dans la rue avec des inconnus, à décortiquer les philosophies de vie de vos personnages préférés et à m’entretenir avec des philopreneurs.
La prochaine vidéo sera publiée lundi prochain. En attendant, vous pouvez toujours aller voir mes premières vidéos et vous abonner à la chaîne.
Au programme cette semaine :
3 concepts et idées qui me font réfléchir en ce moment
2 citations commentées tirées de mes lectures récentes
Mes 5 dernières lectures
3 réflexions du moment
Sélection et développement de 3 idées, concepts ou réflexions tirées de mon “second cerveau”
1) Le philosophe et le sophiste à travers l’Histoire
L’invention de l’écriture en Grèce antique à générer deux types de personnages que nous retrouvons sous différentes formes à travers les époques, de l’antiquité à nos jours : les philosophes et les sophistes.
Ce qui caractérise le philosophe c’est son questionnement, son étonnement, sa capacité à s’émerveiller (ou se prendre la tête) devant des choses qui peuvent paraître anodines pour les autres.
Cet élan pousse le philosophe dans une quête du savoir, de la vérité et de sagesse (philosophe signifiant celui qui est amoureux de la sagesse).
Il est en quête d’une destination qu’il sait inatteignable mais qui vaut la peine d’être poursuivi.
Et ce n’est pas pour rien que le père de la philosophie, Socrate, considérée comme l’homme le plus sage de son époque, disait que sa sagesse venait du fait qu’il savait qu’il ne savait pas et que c’était la seule chose dont il était sûr.
Le philosophe cultive donc le doute et sa curiosité pour se tenter de se rapprocher toujours un peu plus de cette vérité et sagesse.
À l’inverse, à la même époque, d’autres personnes utilisaient l’écriture à une tout autre fin : les sophistes.
Ils étaient bien souvent professeurs ou des sortes de conférenciers grassement payés pour partager leurs “savoirs”.
Contrairement aux philosophes, eux pensaient qu’ils savaient, ou du moins devaient s’en convaincre pour le faire croire aux autres.
Le sophiste n’a pas à cultiver le doute ou à viser la sagesse car il sait déjà tout. Alors, pourquoi se remettre en question ?
Les philosophes ont, à travers notre Histoire, engendré divers enfants dont les scientifiques ou les psychanalystes. Ceux-ci partagent la culture du doute, de l’apprentissage par l’essai/erreur et de la quête de la vérité, de la compréhension.
Les sophistes eux ont engendré d’autres personnes ou disciplines moins vertueuses comme le marketing basé sur le désir (qui commença avec Edward Bernays, le neveu de Freud) soit tout notre marketing depuis 70 ans, les idéologies réductionnistes (peut être bien un pléonasme ça) et d’autres que je vous laisserai imaginer, juger par vous-mêmes.
Pour finir, sachez que la rhétorique fut l’outil utilisé par les sophistes pour diffuser leurs idées, mais que comme tout outil, il est possible de l’utiliser comme poison ou comme remède (revoir la notion de pharmakon dont je parlais la semaine dernière.) ce que firent les philosophes, Aristote y a même consacré un livre entier.
Une question à se poser pourrait être : souhaitons nous suivre, écouter et être des sophistes ou sommes nous prêts à devenir des philosophes ?
2) De la difficulté de devenir soi
Si vous lisez cette newsletter et que vous l’appréciez, je présuppose que vous souhaitez à votre manière “devenir-vous” et donc de suivre votre chemin, développer votre philosophie de vie.
“Deviens qui tu es” disait Nietzsche. C’est un aphorisme qui me parle beaucoup et qui est au cœur de ma philosophe personnelle et du message que j’essaye de transmettre dans mes contenus.
Pour autant, c’est quelque chose qui est difficile et même dangereux pour différentes raisons.
Devenir soi, demande une capacité et une volonté de se transformer, de changer son rapport à soi et au monde.
Ce n’est pas pour rien que les philosophes ont toujours été considérés comme des êtres marginaux à travers l’Histoire.
En cultivant le doute, en étant en quête de vérité et de sagesse ils en arrivaient toujours à remettre en cause les valeurs de leurs époques et à parfois devoir vivre en rupture avec celles-ci.
Le vrai philosophe (c’est-à-dire celui qui incarne et vie selon ses idées et valeurs) est donc quelqu’un de courageux car il prend le risque de sortir du troupeau et devenir une vache pourpre pour reprendre le titre d’un livre de Seth Godin (c’est intéressant de constater que cela fonctionne aussi pour le marketing mais pour de tout autre raison que n’analyserai peut être une autre fois).
Le philosophe sur la quête de “son” chemin prend donc le risque de se marginaliser, de se perdre dans le processus s’il n’arrive pas à traverser (je pense ici à Martin Eden de Jack London) le pont l’amenant de la vie non examinée à la vie consciente ou intentionnelle.
Le philosophe à un regard d’enfant sur le monde mais agit comme un adulte en vivant selon sa philosophie de vie et non celle des autres ou celle dictée par l’époque à laquelle il appartient.
Peut-être que cela est dangereux pour celui qui poursuit cette voie mais n’est ce pas plus dangereux de ne pas vivre sa vie et de rester dans le confort du troupeau, à ne pas être soi, à ne pas défendre un idéal auquel on croit et qu’on aimerait incarner et représenter.
Qui aura le plus de regrets avant de mourir ? Qui aura peur de mourir, ayant la sensation de ne pas avoir vraiment vécu ?
Cette transformation est également dangereuse pour les défenseurs du statu quo : qu’il soit représenté par une entreprise technologique, un gouvernement, un gourou, un dictateur etc.
Pour conclure, devenir soi c’est aussi réapprendre à penser par soi-même, réactiver son esprit critique, mieux se connaître et mieux comprendre le monde dans lequel on vit.
3) La vie est un flux qu’il faut accompagner et non apprivoiser
Cette réflexion poursuit celle de ma vidéo sur l’ordre et le chaos.
Et elle est également alimentée par une longue discussion d’une matinée avec Eliott Meunier qui faisait elle-même suite à une soirée philosophique où une phrase avait retenu notre attention.
Le proverbe nous vient d’Héraclite et est le suivant : “On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve”.
Puisque la rivière et nous-mêmes sommes constitués de molécules qui se renouvellent constamment, il est impossible de se baigner deux fois dans le même fleuve.
Cela veut dire, que la vie est par essence un mouvement, un flux, elle est chaotique car insaisissable et imprévisible.
Pourtant, nous avons toujours le besoin de la mettre en ordre, que ce soit dans nos vies personnelles ou professionnelles nous ressentons le besoin de cadrer, de capturer, de stocker, de structurer, de planifier.
Dans les entreprises nous mettons en place des processus, pour “structurer”, qui ont plus souvent tendance à ralentir et complexifier qu’à fluidifier ce qui est pourtant le sens et le but initial d’un processus, si j’ai bien compris...
Un processus est un flux qui est censé évoluer, itérer et non un cadre figé que l’on met en boîte.
Plutôt que de chercher à apprivoiser le chaos, le mettre en cage, il faut apprendre à danser avec lui.
Il faut laisser le flux s’écouler et avancer vers notre quête, notre mission (d’entreprise), vers qui nous sommes.
C’est une perte de temps et une utopie de vouloir maîtriser le chaos, de l’enfermer en cage comme on y mettrait un animal dans un zoo.
D’ailleurs un chimpanzé exposé dans un zoo est-il toujours un chimpanzé après quelques années ?
Il faut façonner le chaos, donner la direction au flux, sans chercher à l'annihiler ou l'apprivoiser.
L’ordre est utile, il permet de donner la direction, la signification, l’orientation.
Ne confondons juste pas ordre et rigidité, au risque de tomber dans une autre sorte de chaos, celui des désillusions, de la perte de sens, de l’industrialisation et l’uniformisation de l’homme.
2 citations pour nous aider à mieux vivre, penser, travailler au 21ème siècle
Sélection de deux citations (et de leur contenu ou livre associé) que j’ai appréciées récemment.
J’estime un philosophe dans la mesure où il est en état de donner un exemple. Nul doute que par l’exemple il puisse entraîner à sa suite des peuples entiers.
Citation tirée du livre Il faut vivre dangereusement de Nietzsche
Je l’ai déjà dit et le répète, le philosophe mais aussi le leader de toutes sortes ne devraient pouvoir entraîner les autres avec lui que grâce à ses actions, son comportement.
Ce ne fut pas toujours le cas à travers l’Histoire (cf : les sophistes antiques et modernes) mais ce n’est pas une raison pour ne pas en faire un objectif personnel.
Que vous soyez parent, professeur, chef d’entreprise, créateur de contenu, membre d’une association, sportif, peu importe.
Nous avons tous la possibilité et la responsabilité de donner un exemple positif par notre comportement, par nos actes, ceux-ci ayant bien plus de valeurs que nos mots.
Nous gagnerions à demander à nos avocats, nos hommes politiques, nos philosophes et même nos poètes de se pencher sur cette énigme : comment réglementer la propriété des datas ? Ce pourrait bien être la question politique la plus importante de notre époque.
Citation tirée de 21 leçons pour le 21eme siècle de Yuval Noah Harari
La semaine dernière j’ai relu le troisième livre d’Harari pour voir si mes constats personnels, les problèmes que je pressens et sur lesquels j’ai envie de passer du temps étaient partagés par cet historien que j’ai découvert comme beaucoup avec Sapiens en 2017 et qui fut une découverte marquante dans mon évolution personnelle.
Depuis j’ai évolué et je prends beaucoup plus de recul quand je lis Harari, j’essaye de confronter mes idées et réflexions aux siennes (ce qui en passant est la bonne manière de lire une œuvre à partir du moment où on la comprend).
Je partage cette citation car elle selon moi juste et importante.
Ce n’est pas aux producteurs de technologies (GAFAM et équivalents chinois) de décider de comment utiliser les datas.
De la même manière que ce n’est pas aux médecins de décider des mesures qu’il faut prendre concernant la crise sanitaire, sociale, économique et politique actuelle.
L’expert doit constater, approfondir, expliquer, donner de quoi bien comprendre et le problème à d’autres personnes (philosophes, politiques, penseurs, législateurs etc) qui elles-mêmes doivent ensuite prendre le temps de proposer des solutions les plus justes possibles.
Harari en mettant en avant cette question de la réglementation de la data comme étant l’enjeu majeur de notre époque ne pensait peut-être pas que cela allait arriver si vite puisque la crise actuelle engendrée par la pandémie nous place au beau milieu de ce carrefour qui va nous obliger à prendre des décisions qui auront de grandes conséquences sur la suite de notre Histoire.
J’ouvre un peu la boîte de Pandore en effleurant ce sujet, nous verrons si un jour je décide de créer du contenu autour de ces questions.
Pour le moment je dirai simplement qu’il faut sortir la tête du brouillard et essayer de regarder à l’horizon pour prendre des décisions qui aideront notre société sur le long terme.
Mes dernières lectures
Je partage moins mes lectures qu’auparavant ces derniers mois, mais je sais que vous êtes nombreux à apprécier quand je le fais, j’ai pu le constater lors de mes appels avec vous en avril dernier donc parlons en un petit peu cette semaine !
En passant, comme chaque année, je donnerai en décembre mon top 10 (ou 15) de mes lectures de l’année.
En attendant, voici mes 5 dernières lectures :
Une brève histoire de tout de Ken Wilber : un des livres qui a eu le plus d’impact sur l’évolution de ma pensée cette année (voir ces dernières années). Je suis en train de le digérer tout doucement.
21 leçons pour le 21ème siècle de Yuval Noah Harari : relecture d’un livre que j’avais lu lors de sa sortie en 2018. Il m’a aidé à situer mon constat personnel aux siens concernant les enjeux de notre époque
The way of Zen de Alan Watts : une découverte pour moi aussi bien concernant l’auteur que la philosophie orientale. J’entends parler de Alan Watts depuis des années et j’ai beaucoup apprécié cette introduction au zen bouddhisme et à la philosophie orientale.
Chien Blanc de Romain Gary : un de mes écrivains préférés, toujours égal à lui-même, critique, piquant, perspicace, attachant et hilarant.
A Calendar of Wisdom de Léon Tolstoï : un livre qui se picore, une réflexion d’un “sage” sélectionnée par l’auteur pour chaque jour de l’année. Tolstoï considère que c’est son livre le plus important (on parle de l’auteur qui a écrit Guerre et paix quand même !).
Et promis, je vais reprendre l’analyse et la critique de livres l’an prochain, j’ai deux formats en tête que je vais tester entre janvier et mars prochain.
C’est ici que s’arrête ma frénésie réflexive pour cette semaine.
Comme chaque semaine, j’espère que vous repartez avec des réflexions et des questionnements qui vous aideront à avancer sur votre chemin.
N’hésitez pas à me faire de vos retours, vos réflexions, vos réactions, vos critiques en retour de cet email.
Je vous souhaite une excellente semaine et on se retrouve lundi prochain,
JCK from Budapest 🇭🇺