Chaque lundi à 16h30, je vous propose une réflexion et des conseils pratiques pour vous aider à vous extraire de la vie par défaut et mener une vie plus intentionnelle au XXIe siècle.
Ce que j’appelle “une vie Philopreneur”, offrant à celui empruntant son chemin d’aspirer à une vie avec plus de sens, de liberté et de richesse.
J’en profite pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux abonnés. Vous pouvez en savoir plus sur moi ici ou consulter les anciennes éditions.
Bonjour à tous,
J’ai été agréablement surpris de recevoir autant de messages la semaine dernière suite à l’édition la plus longue de l’histoire de cette newsletter.
Merci pour vos retours et votre soutien !
L’essai était consacré à l’héritage philosophique de la vie intentionnelle telle que je vous la propose. Si vous l’avez loupé, vous pouvez le retrouver avec ce lien.
Cette semaine, nous allons explorer ce qu’est une philosophie existentielle en s’appuyant sur la plus connue à notre époque : le stoïcisme.
Mais aussi, en profiter pour voir les points communs et différences entre le développement personnel et la philosophie. Ainsi que les problèmes ou limites qu’une non-distinction pourrait causer chez ceux qui s’intéressent à l’un ou l’autre (ou au deux).
Pour cela, nous partirons de l’exemple de Ryan Holiday, qui a bâti le plus grand média (et business) au monde sur le stoïcisme et qui illustrera parfaitement notre sujet du jour.
Mais avant cela, j’ai une petite annonce à vous faire !
Je cherche quelqu’un pour m’aider à créer l’identité graphique / visuelle de l’univers de la vie intentionnelle et du Philopreneur.
Identité graphique qui me servira ensuite pour les différents projets à venir : le livre, les visuels illustrant les concepts de la vie intentionnelle, le podcast des Philopreneurs, la Philopreneur académie etc.
Voici un exemple de ce que mon frère, maître de Canva et du sport business, a fait ce week-end pour changer mon ancienne horrible bannière Linkedin.
Donc si vous êtes :
designer, graphiste ou maître du branding
passionné par les concepts que je développe ici avec la “vie intentionnelle” et le “Philopreneur”
que vous souhaitez voir vos créations sur l’ensemble de mes projets “Philopreneurs” des mois et années à venir
Contactez-moi sur Linkedin ou par email à jeancharleskurdali@gmail.com en m’expliquant 1) pourquoi je devrais travailler avec vous, 2) ce que vous avez en tête pour me créer un super univers et 3) en m’envoyant un portfolio.
Et maintenant, voici le programme du jour :
Le stoïcisme est-il un développement personnel ?
L’histoire de Ryan Holiday et son média Daily Stoic
Le stoïcisme comme philosophie pratique et existentielle
Pourquoi le stoïcisme a autant de succès à notre époque ?
Le problème (ou les limites) de l'approche “dev perso” du stoïcisme
La vie intentionnelle du Philopreneur est-elle est un développement personnel (ou une philosophie) ?
Bonne lecture !
Le stoïcisme est-il un développement personnel ?
En 2015 l’auteur américain Ryan Holiday publie son troisième livre : L’obstacle est le chemin.
À 28 ans à l’époque, il a eu un début de carrière tonitruant avec notamment une position de CMO chez American Apparel (à 20 ans) ainsi que deux livres best-sellers dans le domaine du marketing et des médias.
Il fut également l’apprenti de Robert Greene, où il apprit le système de prises de notes qui l’aide à être l’auteur prolifique qu’il est.
Puis il travailla sur les livres d’autres auteurs vendant des millions d’exemplaires tels que Tim Ferriss et Max Tucker.
Holiday était donc un petit génie du marketing qui en parallèle publiait sur son blog personnel.
C’est sur ce blog qu’il commença en 2013-2014 à écrire sur une philosophie “obscure” à l’époque : le stoïcisme.
Quand on lit les articles de cette époque, on sent chez l’écrivain et marketeur, les prémisses d’une crise existentielle.
Il se demande comment gérer son nouveau statut, que faire de tout l’argent gagné si jeune, comment ne pas se perdre dans une vie qui ne serait pas la sienne.
Le stoïcisme lui offrit ses réponses et bien plus.
C’est à ce moment qu’il décida de :
Prendre le risque de proposer à son éditeur d’écrire un livre sur le stoïcisme : L’obstacle est le chemin. Alors que cette philosophie antique ne donnait aucune garantie ou presque de faire un best-seller.
Réutiliser ses talents de marketeur pour faire du stoïcisme un “produit cool” qu’il va populariser au fil des années auprès de millions de personnes.
7 ans plus tard, Ryan Holiday a réussi son pari avec 5 livres publiés sur le stoïcisme (vendu des millions d’exemplaires), une newsletter avec plus de 500 000 inscrits et une chaîne Youtube The Daily Stoic avec plus de 650 000 abonnés.
Ryan Holiday n’est pas le plus érudit ou le plus précis de ceux qui écrivent ou parlent de stoïcisme et de philosophie antique.
Mais il est de loin celui qui sait le mieux le mettre en avant, le rendre accessible et l’utiliser pour faire “du business”.
Cette “utilisation” est-ce sur quoi nous reviendrons plus tard dans cet essai.
En effet, le business et l’approche qu’à Ryan Holiday du stoïcisme apportent de belles choses pour le monde et cette philosophie mais également son lot de problèmes ou a minima de limites.
Le stoïcisme, une philosophie pratique et existentielle
Dans l’édition précédente, nous avons fait la distinction entre deux types de philosophies :
La philosophie existentielle : travaillant sur l’individu comme point de départ, cherche à apporter des réponses pour aider l’Homme à (mieux) vivre
La philosophie systémique : travaillant sur le concept, les principes premiers et les idées
Le stoïcisme s’inscrit clairement dans la première catégorie : c’est une philosophie existentielle.
Nous avions vu également que les philosophies existentielles - et a fortiori toutes écoles de philosophies datant de l’antiquité - avaient 6 caractéristiques communes.
1 - Une proposition d’un but, d’un mode de vie et de penser
Pour les stoïciens - et pour toutes les écoles de philosophies antiques - le but de la vie philosophique et de la sagesse est l’eudémonisme.
L’eudémonisme est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine. Le bonheur n'est pas perçu comme opposé à la raison, il en est la finalité naturelle.
Mais chaque école divergeait dans le chemin nous menant à “expérimenter” l’eudémonisme.
Chez les stoïciens, le mode de vie permettant de tendre vers ce bonheur était celui de l’attention (et de la tension). Le stoïcien devait être vigilant à son interprétation des événements. Celle-ci influençant sa pensée puis ses actions.
Pour les stoïciens le seul bien est la “vertu” et le seul mal est le “vice”.
Ils faisaient donc en sorte que chacune de leurs actions soient basées sur une (ou plusieurs) des 4 vertus cardinales stoïciennes : la sagesse, la justice, la tempérance, le courage.
Aussi, pour un stoïcien, tout ce qui n’est pas une vertu ou vice (ou bien et mal) est un indifférent : la mort, la richesse, le luxe, le temps qu’il fait dehors etc.
Cette manière de penser créant ainsi ce qu’on appelle aujourd’hui la dichotomie du contrôle, distinguant ce qui dépend de nous de ce qui n’en dépend pas.
Et ainsi nous permettre de mener une vie plus sereine, d’atteindre une certaine tranquillité de l’âme. Ce qu’ils appelaient l’ataraxie.
C’est le “bonus” stoïcien en plus de l’eudémonisme précédemment évoqué.
2 - Une figure représentant un idéal de sagesse à atteindre
Le propre du philosophe (ou de celui vivant philosophiquement) est de désirer la sagesse, de tendre vers elle.
Mais il sait qu’il ne peut l’atteindre, elle est perfection et donc inaccessible.
Le philosophe est un non-sage qui tend vers la sagesse alors que la plupart des hommes ne soucient pas de celle-ci ou pensent l’avoir (les sophistes par exemple ou certains politiques à notre époque).
Chez les stoïciens, la figure de l’idéal de sagesse est celle de Socrate dont le stoïcisme est un descendant.
3 - Un discours et un “système” qui justifie le mode de vie
La philosophie stoïcienne propose à ses “adhérents” de vivre en accord avec la Nature ainsi qu'avec leur nature d’Homme.
Ils considèrent que nous faisons partie d’un tout (qu’ils nomment cosmos, univers, Dieu/Nature) et que nous avons en nous une partie du tout.
Ceci étant, chaque individu aurait un rôle à jouer dans le théâtre cosmique. Nous devrions donc le chercher et l’accepter avec “indifférence” car c’est ce que le “destin” a voulu de nous.
Le stoïcisme étant une philosophie de l’acceptation pour ce qui est des événements passés et présents, mais aussi une philosophie de l’action pour ce qui est de notre réponse aux événements. Ces réponses pouvant façonner notre pensée et notre futur.
En somme, j’accepte ce qui vient à moi mais je suis maître de ma pensée, de mes réactions et ainsi que je peux influer sur mon “destin”.
4 - Une communauté disposant d’un lieu d’échange et d’étude
Le stoïcisme comme toutes les écoles de philosophies de l’antiquité Grecque avait son lieu de rassemblement dans ou autour de l’agora Athénienne.
Celui des stoïciens s’appelle Stoa Poikilè, lieu où Zenon de Kition, le fondateur du stoïcisme avait pour habitude de donner ses cours et d’organiser des discussions avec les citoyens intéressés par sa philosophie et les membres de l’école.
5 - Des principes et préceptes pour vivre et penser selon sa philosophie
Parmi les grands principes on retrouve les 3 suivants (parmi une bonne dizaine) :
La dichotomie du contrôle d’Epictete nous invitant à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Puis d'agir sur les premiers et d’accepter les seconds.
Les 4 vertus cardinales : sagesse, tempérance, justice, courage, qui sous tende l’ensemble de nos actions et comportements. Un comportement est bon s’il est pratiqué en accord avec l’une ou plusieurs des vertus. Une vertu étant un juste milieu entre les deux vices que sont le manque et l’excès.
La responsabilité de notre bonheur, notre malheur et de notre caractère moral : le stoïcien considère les événements comme neutres mais aussi que c’est à l’individu de donner son assentiment (ou accord) à la représentation qu’il se fait de l’événement. Exemple : c’est moi qui décide de me rendre malheureux d’un échec alors que celui-ci est neutre et que je pourrais le considérer comme une chance, un moyen de faire autre chose, de progresser etc.
6 - Des exercices et pratiques qui aident à mieux vivre au quotidien
Pierre Hadot les a nommés : exercices spirituels.
Ce sont des exercices de pensées, intellectuels ou physiques visant à l’amélioration et la réalisation de soi.
Ils étaient un point commun que partageaient les différentes écoles de philosophies de l’antiquité. On les retrouve également à travers l’Histoire de la philosophie chez des philosophes existentiels.
Parmi ces exercices, il y en a qui étaient typiquement stoïcien comme :
La préméditation de la mort pour s’habituer à sa présence, son inéluctabilité mais aussi pour vivre avec plus de présence et d’intensité.
La vue d’en haut qui nous invite à prendre de la hauteur sur nos problèmes du quotidien, presque toujours insignifiant quand on se place à une échelle terrestre ou cosmique.
L’inconfort volontaire qui nous propose de vivre temporairement dans l’inconfort (en dormant par terre par exemple) afin de constater par nous-même que nous n’avons pas besoin de toutes les possessions que nous prenons pour nécessaire. Et ainsi ne plus avoir peur de les perdre ou de ne pas pouvoir vivre sans.
Ces 6 caractéristiques constituent ce qu’est une philosophie existentielle.
Un mode de vie et un discours qui permet à ceux qui y adhérent :
de mieux vivre
d’avoir un cadre les aidant à se réaliser/s’élever
à trouver un sens supérieur à leur existence.
Pourquoi le stoïcisme a autant de succès à notre époque ?
Nous l’avons vu en introduction avec l’histoire de Ryan Holiday, le stoïcisme, qui est pourtant une philosophie “morte” depuis 1 800 ans jouit d’un regain de popularité à notre époque.
Au-delà de Ryan Holiday, des personnalités publiques comme Tim Ferriss, Chris Bosh, Jocko Wilink ou encore Jordan Peterson parlent ou représentent des valeurs stoïciennes.
Nous retrouvons aussi depuis une vingtaine d’années de plus en plus d’auteurs académiques publier des livres sur cette philosophie “pratique” qui n’est pourtant pas enseignée sous cet angle dans les universités.
Pour preuve, Massimo Piglucci, auteur de plusieurs livres sur le stoïcisme, nous dit qu’il aurait pu passer toute sa vie à étudier et faire de la recherche en philosophie sans qu’on lui évoque cette école de pensée. Et encore moins de voir la philosophie comme une discipline pouvant améliorer concrètement l’existence.
En France, il y a des regroupements de pratiquants du stoïcisme qui se forme avec notamment l’association Stoa Gallica et la conférence des Stoicon-x.
Mais alors, pourquoi le stoïcisme a un tel succès au XXIe siècle ?
Pourquoi une philosophie exigeante, qui demande de l’engagement, de l’attention, des efforts plaît-elle autant à une partie de nos contemporains ?
Pourquoi ce succès ?
Le stoïcisme est d’abord un contrepoids à une trajectoire que prend l’Occident depuis l’avènement de la société de consommation au XXe siècle qui a entraîné notre civilisation dans une société “obèse” en tous points.
Par obèse, j’entends une société dont les individus sont hors de forme physiques mais aussi mentales avec l’infobésité, la désinformation, l’abondance d’outils accaparant notre esprit.
La société occidentale nous permet de jouir d’un confort jamais atteint, mais ce progrès ne s’est pas obtenu sans revers de médaille.
Ce confort tant parfois à nous desservir, puisqu’il fait, pour certains de nous, des consommateurs passifs et anesthésiés perdant toute envie de se dépasser, de vivre selon un idéal, d’avoir des valeurs transcendantes etc.
On peut combiner à cette société du confort et de la surconsommation, le nihilisme et le relativisme “moderne” que Nietzche avait pressenti au XIXe siècle avec son annonce de “la mort de Dieu” et du vide que ceci engendre dans nos vies spirituelles.
Vide que les totalitarismes ont essayé de “combler” dans leurs folies meurtrières et idéologiques. Et que l’on peine toujours à combler 100 ans plus tard.
Le stoïcisme est une réponse ou plutôt une alternative à ce monde. Proposant un mode de vie différent offrant :
Un cadre - à travers des principes, des valeurs - pour ceux qui constatent par eux-même qu’une vie sans cadre est un enfer sur Terre.
Une philosophie qui responsabilise en partant du principe que nous sommes maîtres de notre bonheur ou malheur dans un monde qui a tendance à pointer du doigt un “méchant” qui serait source de nos maux
Une philosophie visant l’eudémonisme qui est un bonheur intérieur qui s’éloigne des quêtes de statut et de richesse matérielle de notre époque
Des principes visant à atteindre une tranquillité, sérénité, paix de l’âme dans un monde rempli d’incertitudes diverses : sociales, écologiques, économiques, idéologiques.
Un effet Lindy et un côté “antique” / old school qui dénote avec la culture moderne
une philosophie simple à comprendre avec ses grands principes que l’on peut appliquer immédiatement
une philosophie “guerrière” qui nous pousse à devenir “antifragile” pour reprendre l’idée de Taleb.
Et qui s’oppose indirectement à une société qui tend à fragiliser les individus ainsi qu’à aplanir les différences individuelles au profit de politiques identitaires ou l’individu va se déterminer en premier lieu à partir d’un groupe identitaire (ou un ensemble d’identités) plutôt qu’à un développement de soi ou à une individuation (recherche d’unicité par sa vie / son œuvre).
L’exemple de Ryan Holiday
Comme je l’exposais en introduction de cet essai, Ryan Holiday est l’auteur qui a su populariser à l’échelle mondiale le stoïcisme.
En génie du marketing qu’il est, il a fait d’une philosophie - pouvant sembler complexe et aride -, un concentré de sagesse intemporelle et applicable.
Pour cela il propose :
Des livres simples à consommer, basées sur les valeurs cardinales (ou préceptes phares) du stoïcisme
Des vidéos basées sur les habitudes, les actions et comportements à avoir en "suivant" les enseignements stoïciens, le tout en se mettant en scène dans son ranch (son lieu de vie), des conférences qu’il donne ou encore dans sa librairie à Austin (Texas).
Une newsletter et podcast quotidien racontant une histoire ou une anecdote sur un philosophe stoïcien (notamment les plus connus : Sénèque, Marc Aurèle et Epictete)
Une véritable masterclass en termes de positionnement et de business.
Ryan Holiday a compris que nous avons besoin à notre époque :
De modèles qui nous donnent envie de nous dépasser
De distinguer ce qui est en notre pouvoir et ne l’est pas en cette période d’incertitudes multiples
De revenir à une sagesse et des conseils intemporels
D’avoir des outils pour retrouver sens et sérénité
Je suis personnellement reconnaissant envers cet auteur d’avoir popularisé une philosophie que j’ai découverte indirectement grâce à lui.
Néanmoins, mon approfondissement du stoïcisme et de la philosophie antique (qui pour rappel est la base de la philosophie existentielle ainsi que celle de la vie intentionnelle) m’a fait comprendre que son approche comporte quelques angles morts, limites et problèmes.
C’est ce que nous allons voir ci-dessous.
Le problème (ou les limites) de l'approche “dev perso” du stoïcisme
Il y a autant de définitions du développement personnel que de pratiquants de cette discipline - née aux Etats-Unis ne l’oublions pas en passant.
Ma définition serait la suivante : Le développement personnel un ensemble de pratiques permettant aux hommes et aux femmes de se perfectionner et de devenir une meilleure version de soi-même (dans les domaines fondamentaux d’une vie humaine).
Je suis partisan du développement personnel.
Je considère que l’homme a un besoin fondamental de s’élever, de croître, de se développer pour trouver du sens et apporter sa pierre à l’édifice à notre civilisation, à notre espèce, notre planète et à l’Univers selon vos convictions/croyances.
Mais force de constater que tout le monde n’est pas en phase avec ma définition et la finalité du développement personnel.
Pour certains, le développement personnel est un outil orienté vers des fins individualistes et/ou matérielles (statut, richesse, pouvoir).
Si je poursuis l’exemple de Ryan Holiday. Il est clair que l’auteur a fait du stoïcisme un développement personnel, notamment sur ses médias en ligne.
Et il a en partie raison, car le développement personnel est un des (nombreux) petits fils de la philosophie.
Mais là où je considère que Ryan Holiday touche une limite c’est dans cette double approche paradoxale :
D’un côté il s’est spécialisé (niché) dans le stoïcisme. Il semble dogmatique dans son approche d’un point de vue personnel mais aussi dans son business. Il propose à ceux qui le souhaitent de faire du stoïcisme “leur philosophie de vie”
Mais d’un autre côté, il reste en surface (et cela même dans ses livres) quant à la dimension systémique du stoïcisme.
Pour rappel, toute école de philosophie est avant tout choix d’un mode de vie, mais celui-ci est soutenu par un discours théorique permettant de donner un sens au premier (basé par le développement d’une physique, une éthique et une logique chez les stoïciens par exemple).
Vous pourriez me rétorquer que cela est “un petit problème” à première vue car après tout, pourquoi ne pas se féliciter de l’ajout d’une alternative “philosophique” dans le panorama du développement personnel.
Mais le problème est plus profond.
Ce qui donne du sens à un ensemble de principes (ou de “hacks”) c’est la cohérence que ceux-ci vont avoir dans un système ou du moins dans une finalité dépassant chaque principe individuellement.
Dans le cas de Ryan Holiday, nous avons donc une proposition de suivre (ou non) les dogmes stoïciens en suivant des principes (et parfois des “hacks” sur ses réseaux sociaux) tout en vidant cette philosophie de ce qui lui donne un sens plus profond : sa finalité, son discours sous-jacent, son mode de vie, son regard sur le monde.
Car si la philosophie a un pouvoir “magique” ce serait de remplacer vos yeux “normaux” par des yeux de “philosophes”.
Les écoles de philosophies antiques/existentielles permettaient à ses adhérents d’opérer à une “conversion du regard sur le monde” dite philosophique (à ne pas confondre avec la conversion chrétienne ou religieuse).
Cette conversion change en profondeur l’individu qui va la vivre.
Il y a un avant et un après sur la manière de penser et de voir le monde. De penser et de vivre sa vie.
Et ceci dépasse largement le développement personnel.
Voici ce que nous dit Xavier Pavie, auteur de plusieurs livres sur la philosophie “comme mode de vie”, sur le rôle de la conversion dans les écoles de philosophie antique.
Pour chaque école philosophique antique, la conversion a pour rôle de faire passer d’un état à l’autre, du mal-être au bien-être, de l’angoisse à la sérénité, de la crainte à la maîtrise. La conversion cherche à construire un endroit de paix, de sérénité, un endroit reclus en soi qui est protégé de l’extérieur. Cette conversion s’effectuait à travers des méthodes, des techniques, que ce soit l’acceptation du tetrapharmakos épicurien, l’expérience du dialogue socratique, la volonté de se connaître soi-même, le suivi des dogmes tels que comprendre ce qui dépend et ce qui ne dépend pas de soi. - Xavier Pavie dans Exercices spirituels
Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’instrumentalisation de la philosophie (et plus largement des spiritualités occidentales ou orientales) par un pan du développement personnel.
Ainsi que les liens entre développement personnel et capitalisme/consumérisme.
Mais je me garde ce sujet pour un autre jour.
Concluons plutôt cet essai, en réfléchissant à la place qu’a et pourra avoir la vie (ou philosophie) intentionnelle ainsi que les principes du Philopreneur.
La vie intentionnelle du Philopreneur est-elle un développement personnel (ou une philosophie) ?
La vie intentionnelle tente de s’inscrire - avec modestie - dans la lignée des grandes écoles de la philosophie antique et des penseurs existentiels qui ont repris cet héritage gréco-romain à travers les siècles.
En ce sens, elle est une “philosophie de vie” ou une philosophie de l’existence.
Mon objectif étant de l’inscrire dans un “système” comprenant :
un objectif, une finalité → retrouver du sens, une sérénité et une liberté individuelle à notre époque
Une prise en compte des spécificités, des enjeux et problèmes de notre époque → crise de sens, nihilisme, relativisme, incertitudes diverses, santé mentale en déclin, manque de modèles
une figure modèle/idéal → avec Achille (ou autre archétype que nous pourrons développer)
un concept majeur → le “modèle mental” vie par défaut et vie intentionnelle
Des principes sous-jacents qui renforcent et convergent vers le concept majeur → principes que nous allons explorer ces prochains mois
Des domaines d’applications et exercices concrets → pour mieux penser, améliorer nos relations, notre santé mentale et physique, notre connaissance de soi, notre concentration etc.
Elle est et sera une philosophie mêlant actions et réflexions, pensées et mouvements.
Mais aussi un développement personnel, en partant de ma définition initiale :
Un ensemble de pratiques permettant aux hommes et aux femmes de se perfectionner et de devenir une meilleure version de soi-même (dans les domaines fondamentaux d’une vie humaine).
Mais comme vous l’avez compris, avec l’intention de lui apporter une couche de philosophie lui offrant un sens plus profond, une cohérence d’ensemble et une transcendance en créant et dépassant son individualité.
Ne me considérant pas philosophe - au sens académique du terme - mais philosophe (ou penseur) de l’existence.
Ma mission est d’aider un maximum de personnes à s’extraire d’une vie par défaut et de mener une vie intentionnelle.
D’être des philopreneurs.
Vivant une existence avec plus de sens, de sérénité et de liberté.
Et ainsi, ne plus vivre selon les autres.
Mais pour s’élever, se réaliser, devenir soi. Tout en vivant avec et pour les autres.
Car devenir un philopreneur isolé ne serait que de peu d’utilité.
Que ce soit pour nos existences personnelles, celles de nos proches ou pour le monde.
C’est ici que se conclut l’essai de la semaine.
J’ai pris beaucoup de plaisir à le préparer puis à l’écrire.
J’espère qu’il vous aura plu et que vous êtes excité à l’idée de voir se bâtir une philosophie de vie (et d’y contribuer) qui va nous aider à mieux vivre à notre époque.
Dans les prochains essais je vais aborder :
Mon histoire de “Philopreneur” et ce qui motive mon travail sur la vie intentionnelle
Le manifeste du Philopreneur
Les premiers principes de la vie intentionnelle
Mais avant cela, donnez-moi votre avis sur l’édition ou venez me poser vos questions sur Linkedin ou par mail (en répondant à celui-ci).
Passez une bonne semaine et à lundi prochain !
JCK from Nancy 🇫🇷
PS : Si l’édition vous a plu, vous pouvez cliquer sur le petit ❤️ juste en dessous du titre de cet e-mail. C’est une autre façon d’encourager mon travail !
Merci beaucoup pour cet article complet et qui fournit une bonne analyse entre philosophie et développement personnel
Comme toujours, excellent job. Apparemment, une formation en écriture, structuration des idées et comment se poser les bonnes questions s'impose. Je pense a une élaboration de la formation collective sous la direction de JC Kurdali, a savoir son elaboration, tandis que sa mise en forme et sa finalisation sera assurée par les abonnés. L'appel est lancé je suis preneur.