Chaque lundi à 16h30, je vous propose des réflexions à l’intersection de l’entrepreneuriat et de la philosophie. Le but étant de se poser des questions, et apporter quelques pistes de réponses, pour mieux vivre, penser et travailler à notre époque.
J’en profite pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux abonnés. Vous pouvez en savoir plus sur moi ici et consulter les anciennes éditions.
Bonjour à tous,
J’étais absent de vos boîtes mails la semaine dernière.
Il me fallait un peu de recul pour bien aligner cette newsletter avec mes projets en cours et à venir. C’est chose faite je pense. C’est d’ailleurs en lien avec le thème du jour.
Pendant ce temps, j’ai continué à publier sur Linkedin. Pour recevoir et lire chaque matin mes publications : abonnez-vous ici.
Au programme du jour :
Pourquoi mes amis me prennent pour un fou ?
Bilan de mon programme d’éducation philosophique
3 leçons suite à ce cycle
La suite ?
C’est parti !
Pourquoi mes amis me prennent pour un fou ?
Samedi, je viens de finir un cycle intensif de 4 mois avec un de mes tuteurs de philosophie.
Petite remise en contexte. Au début de cette année, j’ai décidé de me former sérieusement à la philosophie.
J’avais plusieurs objectifs en tête avec ce projet de formation :
Apprendre à mieux structurer ma pensée et mon écriture
Me donner les moyens d’écrire des essais et livres plus ambitieux dans les prochaines années
Voir de mes yeux le savoir-être d’un philosophe
N’aimant pas faire les choses à moitié. J’ai “recruté” une équipe de 3 tuteurs/professeurs qui m’aident sur différents aspects :
Balayer toute l'Histoire de la philosophie
Approfondir les notions principales
Apprendre les méthodologies de pensées et d’écriture philosophique
Comme je le disais en ouverture. J’ai terminé le cycle de 4 mois avec le tuteur qui m’a formé aux différents exercices “scolaires” que je voulais maîtriser avant de pouvoir m’en affranchir.
Ces exercices vous les connaissez tous. J’ai fait des explications et commentaire de textes. Des dissertations. Des essais philosophiques.
Mes amis me prenaient pour un fou ! “Mais pourquoi t’infliger cela ?”
Ma réponse ? Pour aspirer à devenir compétent dans un domaine, il faut avoir des fondations solides. Je sens que j’en ai besoin pour réaliser ce que j’ai en tête. De plus je prends du plaisir à le faire. Donc doubles bénéfices : présent et futur.
Si vous ne connaissez pas mon parcours. Sachez juste que je ne suis pas vraiment allé à l’université. Ayant préféré une voie qui m’était propre qui m’a amené vers le poker puis à l’entrepreneuriat.
Je ne regrette nullement ce parcours de vie. Mais il se trouve qu’à 31 ans, j’ai senti le besoin de construire de nouvelles fondations. Je vois cela comme un investissement qui me servira plusieurs décennies.
Quand on a une certaine ambition, on se doit de passer par ces phases d’apprentissages.
L’enjeu est d’avoir assez d’ego pour croire en son ambition. Tout en évitant que ce même ego nous empêche de “repartir à l’école” si nécessaire.
Un subtil mélange de confiance en soi et d’humilité.
J’ai beaucoup appris ces 4 derniers mois. La connaissance philosophique n’étant qu’une petite partie de cet apprentissage.
J’ai appris sur moi-même. Sur l’effort intellectuel. Sur ce qu’est le savoir-être du philosophe.
Laissez-moi maintenant vous présenter quelques leçons de cette expérience.
3 leçons principales qui ressortent de ce cycle
Parmi ces leçons, il y a celle qui concerne la pratique (et la vie) philosophique. Mais aussi des réflexions qui concernent chacun de nous. Comme notre rapport au changement, à la peur de l’inconnu.
Accepter l’inconfort et la peur de ces évolutions identitaires
Imaginez-moi dans un café à Budapest. Discutant avec des étudiants de 21 ans sur la méthodologie de la dissertation.
Ce choix de formation philosophique. C’est comme si j’avais sauté dans une faille spatiotemporelle. Je me mets volontairement dans une situation que j’avais évitée à 20 ans. Comme si je souhaitais revenir en arrière tout en allant sur le côté (vies parallèles) et en avant (croissance personnelle).
J’ai vécu de nombreuses journées étranges. Je me souviens notamment d’une matinée au cours de laquelle je me prenais la tête. Incapable de faire un plan détaillé (le premier de ma vie). Je n’arrivais pas à visualiser à quoi devait ressembler un plan détaillé.
Aussi ridicule que cela puisse me paraître maintenant. J’étais perdu et j’avais l’impression d’affronter des peurs et croyances que j’avais développées avec mon parcours.
À plusieurs reprises je me suis demandé - comme mes amis - pourquoi je m’infligeais cela. Pourquoi ne pas juste continuer à écrire comme je sais le faire ? Pourquoi ne pas juste continuer à entreprendre ? Développer des projets ? Suis-je fait pour ça ?
Pleins de questions. Pleins de peurs. Pleins d’incertitudes.
Et pourtant, toujours j’y revenais. Le matin je pouvais désespérer. L’après-midi, après mon cours, j’étais revigoré. C’est tout à fait normal que le processus soit difficile, inconfortable et parfois douloureux.
C’est toujours le cas au moment où j’écris ces lignes. Ce le sera sans doute toujours un peu. Mais ce qui compte c’est oser s’écouter et se donner les moyens d’au moins essayer de son mieux.
Ce que je fais dans les moments compliqués :
revenir au “pourquoi” du projet
me remémorer où j’en étais il y a quelques semaines/mois et apprécier la progression.
Mieux penser pour mieux vivre
Je suis arrivé à la philosophie par nécessité.
La philosophie fut (et est) une thérapie. Pour preuve, certains philosophes antiques comme Epicure, considérée la philosophie, comme une médecine de l’âme.
Je ne vois pas la philosophie comme une activité abstraite. C’est une activité dès plus concrète dès lors qu’on l’utilise tel de connaissance de soi, des autres et du monde.
Elle nous aide à comprendre d’où viennent les idées qui façonnent nos manières de vivre et de penser actuelles.
Elle nous apprend à suspendre son jugement. À prendre du recul sur certains événements, des idéologies, des comportements.
Elle nous donne des outils pour apprendre à un peu mieux se connaître chaque jour. Elle nous invite à créer un cadre (une philosophie de vie) pour être une meilleure personne et un meilleur citoyen.
Elle nous pousse à questionner l’évident. À comprendre ce qui semble opaque. A mieux comprendre le monde et l’humain.
La construction de la pensée par le dialogue externe et interne
Nous avons deux outils à notre disposition pour mieux penser.
Le dialogue et l’écriture.
La philosophie est d’abord (et est toujours) un dialogue. N’oublions qu’elle a pour père Socrate qui n’a rien écrit. Que Platon a passé sa vie à écrire “ses dialogues”.
Quand nous avons besoin de penser. Le premier réflexe devrait donc être de trouver quelqu’un avec qui dialoguer. On devrait tous avoir au moins un ami avec qui philosopher.
Dialogue ouvert. Dialogue exploratoire. Avoir cet espace où il est possible de réfléchir, de penser à deux ou plus.
C’est ce qui permet d’inspirer la pensée, de lui faire prendre différents chemins, plus ou moins divergents.
Ensuite vient l’écriture. Elle est la petite sœur du dialogue.
La pensée naît via le dialogue. Le dialogue est créateur de matière. L’écriture va la clarifier. La sculpter.
Cependant il faut distinguer deux types d’écriture.
L’écriture poursuivant le dialogue amorcé avec un “ami de la pensée”. Elle est aussi parfois le point de départ. La pensée nécessite donc un dédoublement de la personnalité pour pouvoir dialoguer. Le philosophe doit penser contre et avec lui-même.
Enfin la réécriture, comme les écrivains le savent, est le moment où intervient le sculpteur. C’est le tri de la pensée. C’est le moment où l’on structure ses arguments, qu’on y ajoute les références et les exemples manquants.
C’est aussi l’instant de vérité, celui où l’on doit démontrer la logique de son raisonnement, de sa démonstration.
Ce dernier point est ce qu’il y a de plus fascinant et difficile avec la philosophie. Elle est d’une rigueur implacable. Elle ne peut se mentir à elle-même. La logique c’est l’enchaînement qui nous doit nous permettre de retomber sur nos pieds. Comme le gymnaste après un enchaînement à la poutre ou aux barres.
À cet égard, elle est l’antithèse de ce que nous voyons dans notre société. Elle est l’inverse du petit jeu politique (et de ce que les Grecs appelaient le sophisme).
Le but du dialogue et de la pensée n’est pas de gagner (de battre autrui) mais de se rapprocher un peu plus d’une vérité. Qu’elle soit liée à la connaissance de soi (et l’authenticité), la vérité scientifique ou encore à une éthique.
La suite ?
J’ai donc commencé à me créer des outils de la pensée. Mais ce n’est que le début d’un chemin qui n’a pas de destination finale.
Actuellement, je me pose plusieurs questions :
Quel philosophe ou penseur ai-je envie de devenir ? Pourquoi ?
Comment utiliser et développer ces nouvelles compétences et connaissances ?
Qu’ai-je envie d’apporter au monde ? À ma communauté (vous) ? À moi-même ?
Je suis souvent tiraillé entre l’envie de lancer des projets “entrepreneuriaux” et le désir de me consacrer à l’écriture et la pensée.
Aussi, j’ai encore un syndrome de l’imposteur prenant trop de place dès lors qu’il s’agit de “produire de la philosophie”. Je me mets la pression et je ne me sens pas encore légitime.
Je n’ose pas encore aller pleinement là où je suis censé être. Mais je progresse chaque jour. Je casse des barrières mentales. Dans quelques mois/années, je serai certainement bien plus confiant du type de philosophe que je veux être. C’est un processus, une construction.
Ces prochaines semaines, je vais poursuivre mon apprentissage en écrivant des essais sur les thèmes qui m’intéressent.
Je vais commencer par des essais courts (autour de 1000-1500 mots) et augmenter progressivement dans l’année. Jusqu’à me sentir capable de produire des essais de la taille d’un livre.
Ces sujets resteront en lien avec la promesse de cette newsletter. La plus simple et la plus difficile qui soit à savoir : “Comment vivre à notre époque ?”
Me connaissant, les choses vont encore évoluer d’ici la fin de l’année.
Que ce soit dans ma pensée, mes actions/projets et bien entendu cette newsletter.
Mais vous en avez l’habitude si vous êtes abonnés de longue date.
Si nous avons un contrat vous et moi.
C’est de vous faire embarquer dans ma tête.
De suivre le chemin de vie et de pensée d’une personne.
Qu’elle soit entrepreneur, philosophe, écrivain, joueur de poker…
Cela importe peu.
À la fin cela reste les pensées et la vie d’un humain. Ni plus, ni moins.
On s’arrête ici pour cette édition numéro 172.
Comme chaque semaine, je vous encourage à me dire ce que vous en avez pensé.
Vous pouvez m’écrire en répondant directement à ce mail, à jeancharleskurdali@gmail.com ou sur Linkedin si vous préférez.
C’est toujours un plaisir de vous lire, d’entamer des correspondances et parfois des amitiés.
Passez une bonne semaine.
JCK from Istanbul 🇹🇷