Chaque lundi à 16h30, je vous propose des réflexions tirées de mes lectures, de mon second cerveau, de mes expériences et observations personnelles pour essayer de mieux vivre, penser et travailler à notre époque.
Pourquoi ? Ma mission actuelle est de vous aider (et de m’aider en passant) à oser construire et développer votre philosophie de vie afin de tracer votre propre chemin et être ce que j’appelle un philopreneur.
Hello !
Toujours en direct de Budapest où j’ai la chance de ne voir que du soleil chaque jour ou presque depuis un mois (ne vous fiez pas à ceux qui disent que c’est la “Sibérie” en hiver).
J’ai continué la semaine dernière à consacrer une grande partie de mon temps à étudier et écrire.
Pour m’exercer à la méthodologie de recherche et d’écriture d'essai, j’ai écrit un assez long article sur le web 3 (blockchain, metaverse et consorts) que je prends sous l’angle philosophique, social et politique que je vais publier dans les prochaines semaines. Il fera peut-être aussi l’objet d’une vidéo.
Sinon, au programme cette semaine :
Alexandre Dana : Entreprendre et (surtout) être heureux
3 idées qui me font réfléchir en ce moment : (1) La relation conflictuelle entre le projet et le bien-être de l’entrepreneur, (2) mélanger les communautés et les désirs qu’elles suscitent et (3) les deux montagnes de l’entrepreneuriat
2 citations tirées de mes lectures récentes
1 coaching Philopreneur
Alexandre Dana : Entreprendre et (surtout) être heureux
Nouvel épisode du podcast.
Je continue, comme lors des premiers épisodes, à vous proposer des conversations avec des invités que je connais très bien.
Cela permet d’avoir des conversations qui vont plus en profondeur et être plus précis dans le choix des sujets et questions que j’aborde avec mes invités.
Cette semaine, je vous propose une conversation que j’ai eue avec Alexandre Dana il y a quelques jours.
Alexandre, si vous ne le connaissez pas, est le cofondateur de Livementor et auteur.
Il vient de publier son second livre : Entreprendre et (surtout) être heureux aux éditions Eyrolles.
C’était l’occasion parfaite de lui proposer de venir sur le podcast vu le thème de son livre et ce que je sais d’Alexandre, l’ayant vu évoluer personnellement et professionnellement depuis plus de 3 ans.
Nous avons échangé sur les thèmes abordés dans son livre dont :
celui du bien-être de l'entrepreneur
la tension entre notre définition du succès et celle du bonheur
notre rapport au temps
l’impact (positif) du covid sur son entreprise et sa vie personnelle
les modes de vies qu'il a expérimenté ces deux dernières années (coliving, nomadisme, communauté)
et Alex en a profité pour me poser quelques questions au cours de l’épisode que je vous laisserai découvrir par vous-même.
Je suis très content du rendu de cet épisode, j’espère que vous l’aimerez autant que moi.
Malgré le fait que nous ayons de nombreuses longues conversations en off avec Alex depuis 2018, je pense que c’est une des plus intéressantes et diverses que l’on a eue ensemble (ce qui est d’autant plus étonnant lorsqu’on sait que c’est enregistré et destiné à diffusion).
Comme d’habitude, je vous encourage à :
Regarder ou écouter tranquillement le podcast
Laissez un commentaire pour partager ce que vous retenez et avez appris grâce à l’épisode
Rejoindre les 550 abonnés de la chaîne pour ne pas louper les prochaines vidéos et encourager mon travail sur Youtube.
En passant, sachez que c’est la dernière semaine de la campagne du lancement du livre qu’Alex et son équipe ont fait sur Ulule.
Pour faire partie des premiers qui auront la chance de lire ce livre et pour bénéficier de tous les bonus proposés par Alex et son équipe, rendez-vous sur ce lien : https://fr.ulule.com/entreprendre-et-surtout-etre-heureux/
3 réflexions du moment
Sélection et développement de 3 idées, concepts ou réflexions tirées de mon “second cerveau”
1) La relation conflictuelle entre le projet et le bien être de l’entrepreneur
Le thème du livre d’Alexandre et notre podcast ensemble m’ont amené à réfléchir à mon histoire personnelle à ce couple qui a parfois du mal à coexister : celui du projet ou de l’entreprise et de l’entrepreneur qui la développe.
Ce qui m’a toujours interpellé lorsque j’échange avec des entrepreneurs - encore plus lorsque ceux-ci ont des employés et encore plus chez les CEO de startup - c’est que leur réponse à la question “Comment vas-tu ?” ne les concerne jamais.
Ils me répondent presque toujours par l’état de forme/santé de leurs entreprises ou projets.
Comme si l’entrepreneur n’existait plus en tant que personne et avait fusionné à son entreprise qui était devenue plus importante que sa propre personne.
À vrai dire, je les comprends parfaitement pour avoir agi exactement comme eux, entre 2015 et 2018, pendant mes 4 années en tant que CEO de startup.
Je m’étais laissé totalement absorber par les “besoins” de mon entreprise et j’avais de vraies difficultés à considérer comme important et même utile de prendre soin de ma personne que ce soit sur le plan physique, mental, énergétique ou social.
La réalité m’a vite rattrapé à l’époque, je vais l’illustrer avec deux exemples.
En bonne forme physique et plutôt de nature sportive, avant cette aventure entrepreneuriale, j’ai délaissé le sport quotidien et ma passion pour le tennis tout en mangeant de manière déséquilibrée en parallèle. Résultat des courses : +12kg sur la balance entre le début et la fin de ce projet et une incapacité à courir plus de 10 minutes lors de ma reprise sportive en mai 2019
Un soir de juin 2017, je me retrouve seul chez moi vers 20h30. Je souhaitais profiter de cette soirée pour me détendre, faire une activité qui me plaisait. Mais lorsque je me suis mis sur mon ordinateur (ce qui est déjà un mauvais réflexe certainement) je m’étais rendu compte que je ne savais pas quoi faire pour me détendre, je n’avais plus de hobbies, ou du moins, je les avais oubliés. Mes réflexes étaient d’ouvrir “par défaut” slack et gmail…
J’en aurai bien d’autres à partager mais ces deux exemples suffisent à illustrer mon propos.
À cette époque, j’avais fini par oublier que j’étais une personne avec des besoins et que je n’étais pas uniquement un cerveau capable de prendre des décisions et de diriger une entreprise.
Je noircis un peu le trait car j’avais tout de même quelques échappatoires avec la lecture et la méditation, mais même ceux-ci étaient orientés à des fins servants mon entreprise en réalité.
Depuis cette aventure qui s’est terminée en 2018, j’ai largement eu le temps de réfléchir à ma manière de vivre à cette époque et je me suis rendu compte qu’il y avait bien d’autres manières de faire que l’on soit CEO, solopreneurs ou tout simplement humain.
Dorénavant, au-delà d’avoir construit personnellement mon activité autour du style de vie que je souhaite avoir (ce qui m’a poussé à quitter le monde des startups), j’essaye d’aider les dirigeants à voir leur rôle et leur vie personnelle de manières différentes que celles qu’ils pensent devoir faire et vivre (comme moi à l’époque).
Gardons en tête pourquoi on souhaite être entrepreneur.
J’aime aussi dire à mes clients de s’imaginer comme des athlètes de haut niveau et donc, de prendre la mesure de l’importance de prendre soin de leur santé mentale et physique ainsi que l’importance de maintenir un bon environnement social et des activités/hobbies qui leur sortent la tête des réflexions stratégiques et autres flux infinis de tâches.
Adhérer au mythe nous invitant à tout sacrifier n’est bon pour personne, que ce soit pour vous, votre entourage ni même in fine pour votre entreprise pour laquelle vous pensiez pourtant devoir faire ce sacrifice.
2) Mélanger les communautés et les désirs qu’elles suscitent
Encore une réflexion tirée de ma discussion avec Alexandre.
Je l’ai souvent évoqué ici, je considère les microcommunautés - à savoir un groupe de 5-10 personnes - comme le moyen qui me correspond le plus et le plus efficace - avec les livres - lorsque je cherche à progresser dans un domaine.
J’ai utilisé cette stratégie dans le tennis, le poker, le monde des startups, la création de contenu, l’écriture et maintenant la philosophie.
Au-delà des compétences que le fait de prendre part à ces groupes permet d’acquérir, il y a deux autres éléments fondamentaux que je n’avais pas nécessairement intellectualisés avant ma discussion avec Alex Dana.
Faire partie d’un environnement/groupe partageant un même désir
Avoir connu et pris part à plusieurs communautés - parfois au même moment - permet de ne pas être attaché à un seul désir
Les deux font appel au concept de René Girard : le désir mimétique.
Le désir ne va pas d’un sujet à un objet selon une trajectoire linéaire mais, passant par la médiation d’un Autre (un modèle), il dessine un triangle. Le désir triangulaire fait du désir une relation (de dépendance) aux autres. Tout « sujet » a besoin d’un « modèle » pour savoir « quoi » désirer. Cela signifie que le désir d’avoir, (telle femme, tel poste, telle distinction etc.) est en vérité un désir d’être.
La microcommunauté ainsi que la création de ce que j’appelle un réseau tridimensionnel (avoir des mentors, pairs et élèves) génèrent la structure permettant de manifester un désir mimétique dans un domaine choisi consciemment.
Le désir mimétique est une force s’appuyant sur la nature humaine, cela nécessite donc de bien choisir les groupes que l’on rejoint et les désirs que l’on poursuit - que l’on pourrait aussi appeler quêtes, intentions ou encore identités.
De plus, le risque de ne faire partie que d’une seule communauté est de n’avoir qu’un seul désir peut entraîner des limites dans le développement de sa personnalité et son identité.
On le voit par exemple dans des environnements comme celui des startups où très rapidement on se retrouve tous à désirer les mêmes choses, à avoir les mêmes quêtes mais également les mêmes références, problématiques, modèles etc.
Cette uni-dimensionnalité pose un problème : celui de générer des normalités sur des choses qui ne le sont pas forcément comme celui de sacrifier son bonheur ou bien être pour le “bien” de son projet.
À l’inverse, des personnes Alex ou moi avons connu et gravité dans des communautés diverses et sommes donc moins attachés à un désir unique qui influencera notre manière d’être et de vouloir.
Personnellement, je n’ai jamais été fasciné par des entrepreneurs que tout le monde vénère, même lorsque j’étais CEO, mes modèles ont plutôt été des écrivains, des sportifs et des penseurs.
Ceci n’empêche pas de rapidement se faire influencer par une communauté.
Malgré mes influences précédentes, j’étais rapidement tombé dans les travers de l’entrepreneur qui s’oublie, imitant l’entourage auquel je faisais et les mythes que nous suivions tous.
Faisons donc attention à diversifier nos désirs et nos communautés pour ne pas nous retrouver dans une situation de dépendance et de perspective unique à un désir qui nécessite certainement un contre balancement.
3) Les deux montagnes de l’entrepreneuriat
J’ai lu en janvier l’excellent livre La deuxième montagne de David Brooks que je vous recommande fortement.
L’auteur utilise la métaphore des deux montagnes pour distinguer les deux phases de la vie qu’il a observée dans ses recherches et sa vie personnelle :
une première correspondant à la recherche du succès extérieur et individuel
une deuxième qui commence après une prise de conscience de la futilité de certaines quêtes et qui nous amène à privilégier d’autres chemins plus internes et partagées pour arriver à un épanouissement, bonheur et à une joie morale plus durable.
Puisque le thème du jour est celui du bien-être et des entrepreneurs, j’ai envie de réutiliser cette métaphore en l’adaptant à l’entrepreneuriat.
Cela tombe bien car je constate ce phénomène de plus en plus chez mes clients en coaching.
S’il y avait deux montagnes dans l’entrepreneuriat, elle se définirait ainsi selon moi.
La première est celle où l’on quitte une situation qui ne nous convient pas ou plus : des études, un emploi, un contexte familial...
L’objectif est de tout faire pour quitter cette situation, la mettre loin de soi pour ne plus jamais avoir à la revivre.
On cherche à se créer une nouvelle condition, une nouvelle identité, un autre mode de vie.
Dans cette phase, on puise souvent notre motivation dans l’envie de prouver quelque chose, chose que ce soit à soi-même et/ou aux autres.
On se bat contre des ennemis visibles et invisibles. Notre énergie et notre motivation se puisent dans des choses extérieures à nous.
Puis un jour, on “réussit”, on atteint le sommet de la première montagne : cela peut être le fait de pouvoir vivre confortablement en tant que free-lance, avoir une entreprise qui fait 1 million de CA ou encore pouvoir se rémunérer trois fois plus que son ancien salaire. Ce critère est personnel.
Le point commun, c’est que maintenant, on a vaincu notre ennemi imaginaire, celui qui nous a poussés à tout donner pour grimper la montagne.
Mais le lendemain matin, on se réveille et on ne sent plus cette énergie qui était en nous pendant plusieurs années.
On ne comprend pas ce qu’il se passe, ce qui avait du sens n’en a plus ou beaucoup moins.
C’est la phase de la vallée, durant laquelle on prend conscience qu’il va falloir retrouver une nouvelle motivation, recréer du sens à ce que l’on fait du quotidien.
Il n’est plus question de “survie” mais de “vie”.
On se pose des questions sur la mission de son entreprise, sur l’utilité de ce que l’on fait, sur la manière dont on fait son travail, sur la définition de son identité d’entrepreneur mais aussi d’homme ou de femme.
C’est la vraie montagne de l’entrepreneuriat pour moi, celle où l’on est libre mais comme le disait bien Sartre, cette liberté peut faire peur, c’est à nous de lui (re)donner un sens.
C’est quelque chose auquel sont confrontés tous les entrepreneurs qui “réussissent” un jour.
Elle est moins traitée que la première montagne car plus subtile, complexe.
De mon côté, j’essaye de profiter de cette seconde montagne de l’entrepreneuriat en définissant mes propres règles du succès, en acceptant de vouloir aller à contre-courant de la culture entrepreneuriale dominante, en essayant de développer une identité qui me pousse à affronter des croyances limitantes sur moi-même et cherchant des activités, des questions, des problèmes avec lesquels je souhaite passer des années, des décennies non pas au sommet de la montagne mais quelque part sur son flanc.
Je prends conscience en écrivant cette réflexion que cette quête du “quoi faire sur la seconde montagne de la vie et de l’entrepreneuriat” est l’essence de ce que je traite en coaching avec mes clients une fois que nous avons résolu les questions pratiques tels que l’organisation, la “stratégie” et les objectifs à court terme.
2 citations pour nous aider à mieux vivre, penser, travailler au 21ème siècle
Sélection de deux citations (et de leur contenu ou livre associé) que j’ai appréciées récemment.
The person who genuinely wants to think will have to develop strategies for recognizing the subtlest of social pressures, confronting the pull of the ingroup and disgust for the outgroup. The person who wants to think will have to practice patience and master fear.
Citation tirée du livre How to Think de Alan Jacob
Si les gens sont comme des plantes, de quoi ont-ils besoin pour s’épanouir? Dans la formule du bonheur, le niveau de bonheur ressenti (B) est déterminé par le niveau biologique de bonheur (N), plus les conditions de vie (C) plus les activités entreprises volontairement (A).
Citation tirée du livre L’Hypothèse du Bonheur de Jonathan Haidt
Coaching Philopreneur : Le plan de réflexions et d’actions de la semaine
Chaque semaine, je vous propose pour finir quelques réflexions et actions en liens avec certains des sujets abordés dans l’édition.
Je les présente sous le même format que celui proposé à mes clients en coaching qui reçoivent ce type de plan le lendemain de chaque session. Considérer cela comme un “coaching Philopreneur" à distance.
Réflexions :
Quel est l’état de votre couple travail et bien être personnel ? Dans quelle mesure pourriez-vous améliorer votre business / carrière en pensant plus un peu plus vous-même en tant qu’individu ayant des besoins ?
Quelles communautés fréquentez-vous ? Quels désirs (mimétiques) peuvent-elles générer chez vous ? En quoi est-ce positif ? Quels sont les risques ?
A quoi pourrait ressembler la deuxième montagne de votre vie (d’entrepreneur) ?
Actions :
Faire une liste de 3 activités qui pourraient affecter positivement votre bien-être mental et physique.
Les insérer dans votre agenda de la semaine
Si vous ne fréquentez qu’une seule communauté actuellement : quelle autre communauté pourriez-vous rejoindre dans les 3 prochains mois ? Quelle est la première action que vous pouvez faire cette semaine pour vous y intégrer ?
Je m’arrête ici pour aujourd’hui.
J’ai hâte d’avoir vos retours sur ma conversation avec Alexandre Dana ainsi que sur les réflexions abordées dans cette édition.
N’hésitez pas à me contacter en réponse directe à ce mail.
Passez une bonne semaine, à lundi prochain !
JCK from Budapest 🇭🇺