Définir et poursuivre sa mission personnelle - Principe #3 du Philopreneur
Dans la tête d'un Philopreneur #191
Chaque lundi à 16h30, je vous propose une réflexion sous la forme d’article et des conseils pratiques pour vous aider à vous extraire de la vie par défaut et mener une vie plus intentionnelle au XXIe siècle.
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Bonjour à tous,
Je suis très heureux de vous écrire de mon nouvel appartement à Budapest.
En effet, ces 3 dernières semaines, j’avais un appartement très sombre, et donc nullement optimal pour ma productivité et mon moral.
Une erreur de casting qui peut arriver quand on vit de airbnb en airbnb.
Ajoutez à cela une mauvaise connexion wifi et une data 4G qui tombe à 0 et vous avez le cocktail parfait de la réalité parfois moins idyllique du nomade “digital”.
Bref, c’est de l’histoire ancienne.
J’ai maintenant un appartement spacieux et lumineux pour vous écrire les meilleures newsletters possibles ces prochaines semaines.
Aujourd’hui, on part sur le principe #3 du Philopreneur : Définir et poursuivre sa mission personnelle.
Avec une première partie qui sera consacrée à la présentation du principe suivi des raisons et conséquences de sa non-utilisation à travers notre archétype Stéphane.
Au programme du jour :
Principe #3 du Philopreneur : Définir et poursuivre sa mission personnelle
La légende Romain Gary
Le phare permettant de naviguer entre ordre et chaos
Stéphane ou la philosophie de l’homme sans but
Le syndrome de Peter Pan
La génération TL;DR
L’influence de son époque sur ses valeurs
La mode au dénigrement de l’élévation de soi
Les conséquences de la non-utilisation du principe
Le plan d’action
Installez-vous confortablement pour lire cette édition.
C’est parti !
Principe #3 du Philopreneur : Définir et poursuivre sa mission personnelle
Un jour, une mère à dit de son jeune fils : “Il sera ambassadeur de France, chevalier de la Légion d’honneur, grand auteur dramatique”
Cette femme, née en Lithuanie, tout comme son fils, ne s’est pas trompée.
Son garçon, devenu homme, fut les trois.
Son nom : Romain Gary.
Un des grands écrivains français du XXe siècle, auteur de La promesse de l’aube, La vie devant soi ou encore Des racines du ciel.
Il fut décoré de la légion d’honneur par le général de Gaulle et consul général de France à Los Angeles à la fin des années cinquante.
La prophétie de sa mère fut créatrice et réalisatrice.
À moins que ce soit encore une “histoire” de l’écrivain qui adorait mêler fiction et réalité dans ses romans autobiographiques.
Romain Gary, c’est l’exemple de l’homme en mission.
Que l’histoire avec sa mère soit véridique ou non. Lui, l’enfant née à l’autre bout de l’Europe devint celui qu’il aspirait à devenir dès son enfance : un grand écrivain français.
Toute sa vie fut une concentration vers ses intentions et rêves. Ce fut une véritable saga en plusieurs tomes. Une vie s’apparentant à un roman.
Une vie extraordinaire, hors norme.
Mais surtout, une vie qui a beaucoup à nous apprendre, remplie de leçons, de paradoxes, d’esprit Philopreneur.
Car dans les coulisses, la vie de Gary n’était pas simple.
Il soufra de dépressions à différentes reprises.
Il eut des relations difficiles avec ses femmes.
Il traversa des passes difficiles dans sa carrière d’écrivain.
Il faillit mourir à plusieurs reprises notamment pendant la première guerre mondiale.
C’est aussi un homme qui a vécu à travers le regard de sa mère - avant et après le décès de cette dernière.
Sa vie fut donc influencée “par les autres”.
Il navigua entre ordre et chaos, entre coup d’éclat littéraire et solitude existentielle.
Un homme qui mena une vie intentionnelle en s’appuyant sur un élément fondamental : un but, une mission, un “purpose” dirait les anglophones (terme plus juste mais non traduisible en français).
Romain Gary est le symbole du principe #3 du Philopreneur.
Définir, viser et réaliser sa mission personnelle.
Le phare permettant de naviguer entre ordre et chaos
La vie est un équilibre en deux pôles : celui de l’ordre et du chaos.
Je vais m'appuyer sur les définitions que donne Jordan Peterson, l'intellectuel et psychologue clinique canadien, auteur du livre 12 règles pour une vie : un antidote au chaos.
L'ordre représente ce que vous connaissez déjà. Ce sont les territoires explorés et maîtrisés de votre vie.
À l’inverse, le chaos représente ce que nous ne connaissons pas. Ce sont les territoires inexplorés que nous ne connaissons ou ne comprenons pas encore.
Nous sommes tous confrontés à ces deux forces contraires qui doivent s’allier pour produire ce fameux équilibre.
Chacun de nous dispose d’une inclination “naturelle” nous prédisposant à une vie tendant plus vers l’ordre ou vers le chaos.
Prenez le livre Miracle Morning qui nous invite à mettre en place une routine, un ensemble de rituels pour reprendre le “contrôle” sur certains aspects de notre vie.
C’est un moyen de mettre de l’ordre dans son existence.
À l’inverse, imaginez maintenant un informaticien plutôt timide qui aimerait gagner en confiance en lui et en aisance sociale.
Il s’inscrit dans un cours d’improvisation théâtrale.
Lui qui n’a jamais osé prendre la parole en public se retrouve très loin de sa zone de confort. Cette activité le place dans une situation nouvelle, inconnue, en plein chaos.
Revenons maintenant à Romain Gary.
De l’extérieur, sa vie pouvait sembler chaotique.
Lui qui changeât d’activités, de localisations géographiques et de femmes à plusieurs reprises.
Pourtant, ses missions et quêtes personnelles l’aidaient à poursuivre le cap qu’il s’était fixé.
C’est le pouvoir hors norme d’un “purpose”.
Celui-ci donne un sens à notre vie, une direction à suivre, un idéal vers lequel avancer chaque jour.
Le chemin peut être chaotique, la destination pourrait ne jamais être atteinte.
Peu importe. L’énergie, la concentration et le désir convergent vers cette intention définie.
La mission personnelle offre plusieurs bienfaits fondamentaux pour mener une existence libre, sereine et avec du sens.
Avoir une mission personnelle (même temporaire) nécessite de faire un choix.
Et donc, d’exclure certaines options au moins temporairement.
Puisque tel que nous le verrons dans un principe ultérieur, la liberté totale n’est pas nécessairement enviable.
Avoir la liberté de choisir ses contraintes, sa mission et le sens que l’on souhaite donner à son existence semble une bien meilleure option.
La mission personnelle est aussi l’outil offrant le meilleur équilibre entre ordre et chaos.
Votre mission va certainement vous pousser au-delà de vos certitudes.
Elle doit vous éloigner de votre zone de confort, se trouver à la confluence de la peur et de l’excitation.
Elle génère de l’inconnu et du chaos dans votre vie.
Mais elle va aussi vous obliger à y mettre de l’ordre.
En effet, pour atteindre ce genre d’objectif, vous devez concentrer votre énergie, votre attention, vos pensées et votre temps dans cette direction.
Si cette mission est suffisamment importante à vos yeux, vous trouverez le moyen d’orchestrer votre vie autour de celle-ci.
Sans vous noyer dans le chaos d’une vie déséquilibrée ou l’ennui d’une vie trop ordonnée.
Avoir une mission personnelle offre donc un rêve et une intention vers laquelle tendre.
Mais aussi un socle constitué
d’habitudes
d’un environnement social
de compétences à acquérir.
Cet ensemble teinté d’ordre va vous procurer le sentiment de contrôle, d’emprise sur votre existence et le courage de réaliser cette mission qui pourra vous paraître effrayante.
Le lien avec la vie intentionnelle
La mission personnelle est ce qui donne du sens à votre existence.
Par sens, nous entendons :
une direction vers laquelle nous allons (parmi l’infinité de celle que nous pourrions prendre)
une signification qui fait spécialement écho à qui nous sommes et qui nous aimerions devenir
Une vie intentionnelle est un vecteur, une force qui nous éloigne de la vie par défaut.
C’est pour cela j’ai parlé à plusieurs reprises du spectre de l’intentionnalité sur lequel le Philopreneur avance pas à pas.
Que ce soit dans sa vie globale ou dans chacun des piliers fondamentaux de sa vie.
Et comme nous l’avons vu avec le principe #2, nous devons garder en tête que tout n’est pas en notre contrôle.
Le résultat final dépend partiellement de nos actions, mais nous avons un rôle à jouer dans la direction et l’intention que nous donnons à notre vie.
Voyons maintenant les raisons qui pourraient nous dissuader d’utiliser ce principe avec l’exemple de Stéphane (l’homme vivant à 100% par défaut).
Lui qui peine à définir et poursuivre des objectifs, à incarner des idéaux et à trouver sa mission personnelle.
Stéphane ou la philosophie de l’homme sans but
Le syndrome de Peter Pan
Vous connaissez tous l’histoire de Peter Pan.
Cet enfant vivant dans un monde imaginaire où les adultes sont “méchants”.
Peter Pan a la hantise de devenir un jour comme eux. Il veut rester un enfant toute sa vie.
Pourquoi Peter Pan ne veut pas devenir adulte ?
Pour une raison simple : être adulte c’est avoir des responsabilités mais surtout c’est devoir choisir un chemin et renoncer aux autres.
C’est passer du stade de potentiel où tout semble possible à celui de la réalisation (ou de l’échec) de son potentiel.
La grande peur de Peter Pan c’est d’échouer, de se tromper, de se raidir en devenant “une grande personne”.
Stéphane souffre de cette maladie, de ce syndrome de Peter Pan.
Faire un choix lui est douloureux.
Il préfère donc laisser les “options ouvertes” dans de nombreux domaines de sa vie.
Il fait de longues études pour temporiser “le choix d’une carrière”.
Il ne s’engage pas dans ses relations amoureuses par peur de laisser passer “la bonne” qui pourrait être “la suivante”.
Mais Stéphane fait une erreur.
Il confond l’optionalité qui est l’art de se créer des options multiples tout en construisant des actifs (générant eux-mêmes ces options) avec la passivité et le non-choix qui eux ne génèrent que de l’immobilisme, du doute et de l’anxiété.
Comme beaucoup d’hommes et de femmes postmodernes, Stéphane cherche LA bonne carrière, LE bon projet, LA bonne partenaire.
Tout en vivant dans une société de l’hyper abondance perçue.
Il souffre de ce que les startupers appellent le FOMO (le fear of missing out ou la peur de louper quelque chose d’importants).
Il veut être heureux, trouver son pourquoi.
Il lit des livres de développement personnel et tombe sur des vidéos Youtube l’incitant à trouver ce qui le rendra heureux.
Cela me rappelle ma situation fin 2018 et début 2019, quelques mois après la cession de mon entreprise.
J’étais dans une phase de transition. Essayant de me remettre physiquement et mentalement de mon aventure entrepreneuriale (en savoir plus) et de ses 4 années intensives.
Mais au même moment, une partie de moi, influencé par des discussions et lectures, souhaitait trouver ce pourquoi, cette mission qui allait donner du sens à mon existence.
En lisant ceci, vous devez vous dire, “Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Il développe un principe sur l’importance la mission personnelle et semble dire le contraire ici”.
Justement, le syndrome de Peter Pan est la tension d’un paradoxe :
d’un côté le fait de ne pas vouloir choisir pour ne pas risquer de voir son potentiel ne pas se matérialiser en une réalité (souvent unique et décevante ?)
avec l’envie et le besoin de trouver ce “pourquoi” qui va nous rendre spécial
Donc, notre ami Stéphane est coincé dans cette contradiction. Il est paralysé depuis des années.
Il ne veut pas creuser un silo par peur d’être bloqué comme une taupe creusant une galerie sans issue.
Et pourtant, c’est justement cette capacité à creuser un silo qui pourrait lui permettre d’ouvrir un champ d’option, une abondance de possibilités.
L’optionalité ne naît pas de l’attente et de la passivité mais du choix et de l’action.
Pour apprendre à se connaître, il faut créer du mouvement.
La connaissance de soi c’est un silex que l’on frotte jusqu’à générer une étincelle que l’on prend comme point de départ.
Pour générer de l’abondance, il faut émettre des hypothèses puis les tester.
Une mission personnelle ne se découvre pas par intuition mais par itération.
Celui qui reste un Peter Pan toute sa vie est tel un coureur qui resterait sur la ligne de départ d’un marathon.
Il ne réalisera (et ne connaîtra) jamais le potentiel qui est en lui.
La génération TL;DR
Un sigle, qui nous vient des Etats-Unis, signifiant : “Too long, didn’t read” ou en français “trop long, pas lu”.
Cette expression est un révélateur de l’état d’esprit de notre époque.
“Je n’ai pas le temps pour votre chef-d’œuvre Monsieur Tolstoi. Pourriez-vous écrire une version condensée de Guerre et Paix s’il vous plaît ?”.
Le contenu propulsé par les plateformes sociales n’est pas celui promouvant la subtilité d’esprit ou la profondeur de pensée.
Les algorithmes privilégient le contenu court, clivant et facile d’accès.
Nous sommes une génération qui a grandi soit avec les premières stars de la télé réalité ou avec les influenceurs d’Instagram, Tik Tok et consorts.
Nous voyons, depuis les années 2010, que parmi les métiers les plus plébiscités par les jeunes, caracolent en tête ceux d’influenceurs ou de Youtubeurs.
Nous sommes des consommateurs influencés, perdants, chaque décennie, un peu plus notre capacité d’attention.
Le livre est devenu un objet de résistance intellectuel.
Un médium vieux de plusieurs millénaires qui est dorénavant dans les cordes tel un boxeur devant esquiver des crochets de la modernité pour ne pas être mis KO par cette dernière.
Nous n’avons plus le temps pour ça. Nous ne le prenons pas pour être plus précis.
La raison ? Souvenez-vous de l’image de la chambre vierge évoquée dans une édition précédente.
Nos vies sont remplies à ras bord d’objets que nous avons rarement choisis, que ce soit des possessions, des relations, un travail etc.
Illustrons ceci avec notre ami Stéphane.
Comme nous tous, il est victime de cette tendance.
Il n’a jamais le temps, pris dans le flux de la modernité.
Inconsciemment, il se rend compte que cela lui coûte cher.
Enfant, il aimait lire, il aimait écrire, il aimait réfléchir. Maintenant, le temps semble s’être condensé et accéléré.
Il essaye de suivre tant bien que mal ce rythme effréné.
Il est effrayé de passer à côté de quelque chose qui en vaudrait la peine un jour.
Mais comme nous l’avons écrit, la consommation n’est pas le seul problème.
Nous aurons l’occasion de revenir sur celle-ci dans un autre principe nous aidant à reprendre le contrôle de notre attention et l’emprise de nous-même.
La production est elle aussi impactée par ce phénomène du TL;DR.
Quand la société récompense la superficialité et la production de basse qualité.
Et que l’on est entouré de modèle de succès se construisant et se défaisant en quelques semaines avec peu d’efforts consentis.
Il devient difficile de percevoir la valeur et les vertus que l’on peut obtenir par un travail de longue haleine.
La maîtrise d’un art, le travail dans l’ombre, la production d’une œuvre puisant dans les profondeurs de l’âme semblent ne plus être valorisées par la majorité.
Néanmoins, ne serait-ce pas ces mêmes “antiquités” de l’esprit et de l’art qui pourraient nous (re)donner du sens ?
Une mission personnelle est un horizon que nous déterminons.
Il se veut difficile d’accès par essence et nécessite du travail, du courage, de la détermination.
Autant de qualités qui s’effritent un peu plus à chaque progrès de l’humanité qui est essayant de “s’élever” collectivement, se rabaissent individuellement.
L’influence de son époque sur ses valeurs
William Irvine, auteur du livre A guide to the good life, explique qu’il a beau être professeur de philosophie, il n’avait jamais étudié sérieusement le stoïcisme ou les écoles de philosophies antiques.
Pire selon lui, il n’avait pas réfléchi à ce que pouvait bien être “sa philosophie de vie”.
N’ayant pas pensé ou choisi une philosophie de vie, il se retrouve à vivre selon une philosophie par défaut.
Une philosophie composée de quêtes externes comme : le statut social, l’assouvissement de ses plaisirs ou l’obtention de choses indépendantes de notre contrôle.
Ce qu’il qualifie d’hédonisme.
Il lui aura fallu une crise personnelle et là (re)découverte du stoïcisme pour faire évoluer consciemment sa philosophie de vie vers des quêtes et des valeurs semblant plus lui correspondre.
Pour autant, soyons réalistes, nous ne pourrons jamais annihiler à 100% l’influence de notre époque sur nos valeurs, nos désirs, nos habitudes etc.
Ce serait d’ailleurs le meilleur moyen de faire de nous des personnes inadaptées socialement.
Néanmoins, il faut être capable de se dissocier parfois de son époque.
Le choix d’une philosophie de vie et de valeurs associées en est un moyen efficace.
Il y a un lien direct entre mission personnelle et philosophie de vie.
C’est ce qui nous manque dans nos vies d’hommes et femmes du XXIe siècle bercés de sciences et de technologies.
N’étant pas incité à penser et construire notre philosophie de vie, nous finissons par vivre avec les mêmes valeurs que nos contemporains.
De ce fait nous finissons par avoir des vies et des “objectifs” semblables.
Ce fameux chemin tout tracé que Stéphane emprunte “gaîment” avec un sourire forcé que le Joker de Batman ne saurait renier.
Le coût du manque du sens et la montée des “doomers”
En 2019, à 27 ans, je débarquais à Paris, cherchant un nouveau sens à donner à mon existence.
Au même moment, je commençais à m’intéresser aux problématiques environnementales et écologiques.
Malheureusement ma porte d’entrée n’était pas la plus saine.
Je fis la découverte des collapsologues avec notamment Pablo Servigne et son livre Comment tout peut s’effondrer.
Cette lecture eut l’effet positif de me sensibiliser à ces problématiques majeures de notre époque.
Mais aussi d’impacter mon moral, puis rapidement, ma santé mentale.
J’en étais arrivé à la conclusion suivante : soit je m’impliquais corps et âme dans ces problématiques, soit je prenais (pendant un temps) mes distances pour ne pas sombrer dans un nihilisme total.
Ces théories de l’effondrement et autres injonctions liées à l’écologie ont engendré une génération de jeunes adultes et trentenaires que l’on qualifie de “doomers”.
Doomer et doomerisme sont des termes d'origine anglaise apparus sur le réseau internet afin de décrire les personnes qui s’inquiètent de l'effondrement de la civilisation lié à la surpopulation, la pollution et le réchauffement climatique, pouvant entraîner à terme l'extinction de l'humanité.
Nous avons vu précédemment que la “Mort de Dieu” a délaissé les Occidentaux d’un sens que la religion leur conférait.
Nietzsche nous invitait à remplacer les valeurs chrétiennes par des valeurs choisies par l’individu lui-même, ce qui lui permettrait de devenir le surhomme.
Or, peu d’entre nous ont le courage ainsi la capacité mentale et physique d’opérer à cette réévaluation de nos valeurs.
En conséquence, nous rentrons petit à petit depuis 150 ans dans le nihilisme que Nietzsche avait prophétisé.
Celui-ci entraînant lui-même un relativisme qui fait perdre en valeur tout ce qui fait le sel de l’existence.
Puis au narcissisme et à l’individualisme dans lequel nous vivons, n’ayant plus de sens supérieur sur lequel baser son existence.
C’est ainsi que l’on se retrouve avec une génération désabusée, une génération perdue.
On pourrait imaginer que les enjeux environnementaux puissent devenir le combat fédérateur.
La quête transcendante des hommes et femmes de notre époque.
Malheureusement, ce combat se heurte à des limites :
“L’ennemi” n’est pas visible
Il n’impacte pas chaque région du monde de la même manière.
Les enjeux sont d’une complexité difficile à assimiler
Les actions micros semblent marginales face aux problématiques macros.
L’homme n’arrive pas à se projeter au-delà de son existence terrestre et mortelle. Peut-on lui en vouloir réellement ?
Tout cela rend difficile à l’échelle individuelle de trouver du sens dans ce type de combat - à moins de s’y engager pleinement !
Le risque est de voir de nombreux “Stéphane” rejoindre le rend des doomers.
Et dans ce cas, si le nihilisme atteint son paroxysme.
Pourquoi se battre et faire des sacrifices pour poursuivre et réaliser une mission personnelle ?
J’espère vous convaincre que cela en vaut la peine avec mes écrits passés et futurs.
La mode au dénigrement de l’élévation de soi
“Vous pouvez le faire”
“Vous avez un pouvoir illimité à l’intérieur de vous”
“Croyez en vous, brisez vos croyances limitantes et vous pourrez devenir qui vous voulez”.
Imaginez un homme sur scène qui harangue une foule en contrebas.
L’exemple le plus célèbre est celui d’Anthony Robbins qui rassemble des millions de personnes chaque année à ses événements en présentiel et en ligne.
Le message de l’américain est justement très américain.
Il serait en notre capacité d’aller puiser le nécessaire pour réussir tout ce que nous souhaitons entreprendre.
Absolument tout.
Ce genre de discours ainsi que le business model de ce type de gourou du développement personnel ont tendance à susciter des réactions diverses.
D’un côté des fans absolus et de l’autre des détracteurs le considérant comme le mal incarné.
Plutôt que de me concentrer sur développement personnel comme industrie et machine à cash, j’aimerais plutôt l’envisager comme un moyen et un mode de vie dans ce qui va suivre.
Car l’essence même du développement personnel est noble.
L’idée d’essayer de devenir une meilleure personne. Aspirer à devenir la meilleure version de soi-même.
Autant d’objectifs me semblant être naturels et sains.
Les philosophes antiques parler d’élévation de soi.
Ils pratiquaient ce que Pierre Hadot appelait les exercices spirituels.
Les hommes et les femmes en quête d’élévation étaient suivis par des “directeurs de conscience” les aidant à progresser sur le chemin allant de l’ignorance à la connaissance.
D’une vie non examinée à une vie consciente et examinée.
Or de nos jours, les critiques du développement personnel - qui tend parfois le bâton pour se faire battre - dénigrent ce si bel objectif.
Vouloir devenir la meilleure version de soi-même est un objectif qui peut être moqué ou ridiculisé par la société ou bien même dans son entourage dès lors qu’on ose évoquer cette ambition “pour soi”.
Ce qui nous renvoie encore à l’importance de l’environnement et au besoin impérieux de réduire l’influence des autres sur nos pensées et actions.
C’est devenu un bouc émissaire facile à critiquer afin de ne pas avoir à s’engager soi-même dans la voie de l’effort, du travail, du sacrifice et à l’aspiration de s’élever pour devenir une personne plus complète, plus saine, plus heureuse.
N’oublions pas que les crabes n’aiment pas voir leurs congénères quitter le panier dans lequel ils se sentent confortables.
Quand bien même celui-ci ne les rend pas heureux, serein ou libre.
Les conséquences de la non-utilisation du principe
Maintenant que nous avons vu certaines des raisons principales qui peuvent éloigner Stéphane et nous-même (étant tous un peu Stéphane) d’une vie soutenue par une mission personnelle.
Voyons quelles en sont les conséquences.
La première est celle du vide, du fameux manque de sens.
Stéphane se retrouve à vivre au jour le jour.
Un “Carpe Diem” malheureux où chaque jour se ressemble mais où aucun d’entre eux ne semble se construire les uns sur les autres.
Chaque journée est une petite étoile isolée qui aimerait rejoindre une galaxie introuvable.
Quand la vie est dénuée de sens et d’une mission, il est compliqué d’investir sur le long terme :
Dans notre vie affective et relationnelle
Dans nos finances personnelles et notre carrière
Dans nos projets personnelles et professionnelles
Nous avons le sentiment de stagner dans notre vie.
Un corollaire de la mission personnelle (ou de la recherche d’une mission) est de produire du mouvement.
C’est ce mouvement qui produit l’énergie dont nous avons besoin pour mettre un pied devant l’autre chaque jour et créer une vie intentionnelle.
Une autre problématique commune (encore plus à notre époque) est l’addiction à la dopamine au détriment de la sérotonine.
La sérotonine étant l’hormone du bonheur dont un projet ou une mission peut nous procurer là où la dopamine est celle du plaisir.
Nous vivons une période d’abondance et de sur exposition aux stimuli provoquant des shots de dopamines.
Nous n’arrivons plus à réguler cette hormone.
Entre les téléphones, les réseaux sociaux, l’accès à la pornographie, le shopping en ligne etc.
Le court terme domine le long terme.
Pourtant, nous ne parvenons pas à vivre dans le moment présent.
Le paradoxe du “carpe diem” et de la philosophie “yolo” (you live only once).
Ne pas avoir de mission nous confisque une épaisseur que la vie peut nous offrir.
Dans ces conditions, il est compréhensible que nombreux d’entre nous tombons dans l’anxiété vis-à-vis d’un futur incertain et les regrets d’un passé qui nous a échappé.
Aux addictions se rajoutent : le divertissement, le bruit et l’occupation.
Mais nous l’avons déjà dit plus tôt, une vie occupée n’est en rien une vie choisie ou intentionnelle.
C’est une vie qui “passe le temps”.
Une vie dont le manque de transcendance nous plonge dans l’idéologie matérialiste.
À défaut de trouver notre sens, nous consommons.
Nous nous occupons comme nous le pouvons.
La fuite en avant est le lot qui nous attend sans mission personnelle.
Plan d’action et de réflexions pour s’extraire du “mode Stéphane”
Réflexions
Suis-je naturellement quelqu’un qui tend plus vers l’ordre ou vers le chaos ?
Que puis-je faire pour un peu plus équilibrer mon existence ?
Dans quelle mesure suis-je atteint du syndrome de Peter Pan ?
Comment pourrais-je passer de la protection d’un potentiel inexploité à la création d’optionalités et d’abondance ?
Quelles sont les activités où je souffre d’une tendance “TL;DR” ?
Quel en est l’impact sur ma concentration ? Ma consommation ? Ma production ?
Quelles sont les valeurs prédominantes autour de moi ? Sur une échelle de 0 à 10, à quel niveau celles-ci m’influencent ?
Quelles en sont les conséquences sur mes intentions/objectifs/projets ? Sur ma vie quotidienne ?
Actions
Lister les actions orientées “dopamines” que je pratique au quotidien
Lister des comportements / actions orientées “sérotonines” que vous pourriez pratiquer
Faire un “switch dopamine → sérotonine” par semaine et mesurer les effets sur votre niveau de bien être, votre sérénité, votre épanouissement.
Décrire à quoi pourrait ressembler la meilleure version de vous-même dans 5 ans ?
Appuyez-vous sur des domaines, un style de vie, un métier/vocation.
Définir votre mission personnelle actuelle
En partant de l’existant et d’une direction future
“Conclusion”
Je m’arrête ici pour cette semaine.
Nous verrons la semaine prochaine la suite de ce principe en nous concentrant sur les concepts et les actions sur lesquels vous appuyer pour trouver et définir votre mission personnelle dont :
Pourquoi les gens heureux ont des projets
En quoi le “purpose” est le moteur d’une bonne vie
Comment construire son socle de valeurs personnelles
La quête spirituelle et le voyage du Philopreneur
La pyramide du Philopreneur
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Passez une bonne semaine et à lundi prochain !
JCK from Budapest 🇭🇺
PS. : Si l’édition vous a plu, vous pouvez cliquer sur le petit ❤️ juste en dessous du titre de cet e-mail. C’est une autre façon d’encourager mon travail !
Bonjour, merci pour cette lecture! je ne souffre pas d’une tendance “TL;DR” ! Je crois que la mission de vie, pour certain, n'est pas un choix conscient, mais l'aboutissement de nombreux choix plus petit et un jour on voit le pourquoi, on comprend la mission de vie derrière tous ces choix parfois pas très logiques ou raisonnables.
Merci pour ce bon moment de lecture!