Comprendre et exploiter les jeux de la vie - Principe #5 du Philopreneur
Dans la tête d'un Philopreneur #195
Bonjour à tous,
Aujourd’hui je vous propose de lire la première partie du principe le plus entrepreneurial du livre que je suis en train d’écrire.
Nous allons voir comment comprendre et exploiter les jeux de la vie.
Qu’ils soient intemporels ou spécifiques à notre époque.
Au programme :
Les leçons de Naval Ravikant pour créer de la richesse et être heureux au 21e siècle
De l’ignorance à la compréhension des jeux ancestraux et contemporains
L’inculture et la négation du passé empêchant de comprendre son présent et le futur
Travailler dans un paradigme du 20e siècle mais penser et vivre selon l’esprit du 21e siècle
Ne pas s’appuyer sur les épaules des géants nous ayant précédés
Ne pas prendre la vie avec sérieux
Mais, avant cela, laissez-moi vous présenter le deuxième épisode de mon nouveau podcast Les Philopreneurs.
#2 Gianni Bergandi : Avoir le courage de changer de vie
L’épisode est en ligne 🎙
👉 Épisode disponible sur Apple Podcast, Spotify et sur votre application de podcast favorite.
Présentation de l’épisode
Comment avoir le courage de changer de vie ?
Comment apprendre à mieux se connaître ?
Comment créer son mode de vie idéal ?
Gianni Bergandi est mon invité du deuxième épisode du podcast Les Philopreneurs.
Il est coach pour entrepreneurs depuis plusieurs années.
Avant cela il était formateur et créateur de contenus.
Connu notamment pour ses vidéos résumant les grandes idées des livres de développement personnel.
J’ai rencontré Gianni en 2020 par l’intermédiaire de notre passion commune pour la lecture.
C’est lui qui m’a donné envie de (re)commencer à investir sur moi-même à travers des programmes comme Optimize Coaching.
Mais aussi en prenant l’habitude de me faire accompagner dès lors que je souhaite découvrir ou progresser dans un domaine.
Gianni Bergandi est un des exemples qui me poussent à explorer de nouveaux chemins de vie et à voir la vie comme un jeu.
Dans cet épisode vous allez découvrir :
Pourquoi Gianni considère que le coaching est plus un outil qu’un métier
Comment apprendre à mieux se connaître
Comment avoir le courage de changer de chemin de vie ?
Comment s’extraire d’une situation / vie par défaut ?
Mais aussi :
L’importance de la communauté dans son mode de vie ?
Qu’est-ce que la deuxième montagne de la vie ?
Comment utiliser ses idoles pour faire avancer ses projets ?
Comment gérer la tension entre désir de revenir à ses premiers amours et l’envie d’explorer de nouvelles activités ?
Et maintenant, place à l’essai de la semaine !
Comprendre et exploiter les jeux ancestraux et contemporains
J’aime voir la vie comme un “jeu”.
Celle-ci est composée d’un ensemble de “sous-jeux” auxquels chacun de nous prend part.
Le jeu de la carrière, du statut, de l’argent, de la réputation, des relations, de la santé etc.
En tant qu’ancien joueur de poker, une question m’est venue naturellement : “Si j’étais amené à vivre 100 existences parallèles, serais-je capable de gagner au jeu de la vie dans 99 d’entre elles ?”.
Autrement dit, comment réduire à néant ou presque la part de “hasard” que peut comprendre l’existence humaine.
Ceci est bien évidemment impossible. Mais l’expérience de pensée en vaut la peine.
A minima pour dégager des grands principes sur lesquels s’appuyer pour prendre des décisions importantes.
Il se trouve qu’un entrepreneur indo-américain s’est posé la même question.
Il a tenté de théoriser à partir de sa propre expérience comment réussir à devenir riche et heureux dans 99% des cas.
Cet entrepreneur est Naval Ravikant.
Plus souvent appelé par son prénom sur les réseaux : Naval.
Il est le fondateur d’Angelist, une plateforme mettant en relations des startups et des investisseurs. Il est lui-même investisseur dans plus de 200 startups dont Uber, Twitter, Notion ou Bolt.
On le surnomme “The Angel Philosopher”.
Angel étant la version réduite de business angel, signifiant investisseur de startup en anglais.
Naval est devenu un phénomène sur Twitter depuis quelques années dans la sphère entrepreneuriale.
Il est suivi par 2 millions de personnes sur la plateforme.
Chacun de ses tweets fait l’objet de réactions, de milliers de partages et ils sont disséqués dans des articles et autres podcasts qui discutent de ses idées.
La particularité de Naval c’est qu’il ne parle pas vraiment d’entrepreneuriat - du moins, pas comme les autres entrepreneurs.
Naval partage ses idées (qu’ils développent à partir de ses lectures et ses expériences personnelles) sur la création de richesse au XXIe siècle; sur les principes fondamentaux pour comprendre le monde, l’économie, la théorie des jeux, la psychologie humaine ou encore sur les moyens d’allier succès et bonheur.
Naval est donc largement suivi parce qu'il est une combinaison rare de réussite et de bonheur.
Après une vie d'étude et d'application de la philosophie, de l'économie et de la création de richesse, il a prouvé l'impact de ses principes.
Ses réflexions font l’objet d’un tel engouement qu’un blogueur a décidé - avec son accord - de lui consacrer un livre regroupant ses idées principales.
Ce livre est un almanach* : The Almanach of Naval Ravikant.
Dans celui-ci l’auteur se concentre sur les réflexions de Naval concernant la création de richesse (wealth) et sur le bonheur.
Pour Naval, les deux sont des compétences qui peuvent se travailler et s’acquérir.
En étudiant et en appliquant les bons principes, chacun de nous est capable de gagner au jeu de la génération de richesse et à celui du bonheur (ou de la paix intérieure).
Selon l’entrepreneur, il faut néanmoins commencer par s’atteler au jeu de la richesse qui permet de résoudre rapidement les problématiques matérielles et financières.
Celui-ci posant trop de problèmes dans d’autres domaines de vie lorsqu’il n’est pas “résolu”.
Or à notre époque, il est possible de créer et générer de la richesse en un laps de temps relativement court dès lors que l’on comprend et exploite les bons leviers.
C’est ce que Naval développe dans son “thread twitter” le plus célèbre “How to get rich without getting lucky”.
En voici quelques citations :
Recherchez la richesse, pas l'argent ou le statut. La richesse, c'est avoir des actifs qui gagnent pendant que vous dormez. L'argent est la façon dont nous transférons le temps et la richesse. Le statut est votre place dans la hiérarchie sociale.
L'internet a massivement élargi l'espace possible des carrières. La plupart des gens ne l'ont pas encore compris.
Le code et les médias sont des leviers sans permission. Ils sont le levier derrière les nouveaux riches. Vous pouvez créer des logiciels et des médias qui travaillent pour vous pendant que vous dormez.
La grande idée derrière cet ensemble de “tweets” est qu’il est possible grâce à Internet, de créer - sans demander l’autorisation à personne - des produits à coûts marginaux de reproduction à une échelle infinie.
De plus, Internet permet à quiconque de développer une compétence spécifique et de la combiner avec sa personnalité et ses centres d’intérêt.
Puis de trouver un ensemble de personnes qui seront intéressées par votre “spécificité” qu’elles partageront avec vous.
En somme Naval Ravikant est un homme qui cherche à comprendre, déconstruire puis exploiter les rouages d’un jeu.
Dans notre exemple celui de la création de richesse.
Pour cela, il s’appuie sur des principes intemporels comme celui des “leviers” ou de la psychologie humaine.
Qu’il combine avec des spécificités contemporaines, ici l’utilisation d’Internet pour créer de nouvelles formes de “leviers” via des nouveaux moyens de production et distribution. Ces leviers étant transformés en actifs digitaux (audience, produits, marque personnelle etc).
C’est la combinaison de l’intemporel et du temporel qui va vous permettre de comprendre et exploiter les jeux de la vie qui compte le plus (pour vous).
C’est ce que nous allons voir dans le développement de ce principe #6 du Philopreneur.
De l’ignorance à la compréhension des jeux ancestraux et contemporains
Sigmund Freud a dit un jour : “l’amour et le travail … le travail et l’amour. C’est tout ce qu’il y a.”
Brian Johnson, le fondateur d’Optimize Coaching, quant à lui, propose d’ajouter à ce duo un troisième élément : la santé qu’on peut aussi appeler énergie.
On se retrouve donc avec un big 3 constituants les domaines fondamentaux d’une vie :
L’amour comprenant les relations aux autres et à soi-même
Le travail comprenant notre carrière, nos responsabilités, notre vocation
L’énergie comprenant notre santé mentale, physique, spirituelle.
Ces 3 grandes catégories sont interdépendantes entre elles.
L’énergie permettant par exemple de mieux travailler.
L’amour pouvant donner une meilleure énergie etc.
Mais au sein de chacune de ces catégories, il y a des jeux auxquels nous prenons part, parfois en connaissance de cause, parfois non.
Ce sont ces mêmes jeux qui vont avoir un impact sur la qualité de notre big 3 et donc sur notre niveau d’épanouissement, de bien être, de sens.
Laissez-moi vous proposer ma définition d’un jeu pour être sur de bien se comprendre.
C’est un paradigme dans lequel nous évoluons avec d'autres humains.
Il est composé de règles, de tactiques, de stratégies, de normes.
Le jeu de statut par exemple est celui dans lequel nous allons faire en sorte d’avoir un bon statut social pour bénéficier de certains avantages en société.
Les motivations peuvent être diverses :
Rendre fier ses parents
Séduire une femme (ou un homme)
Obtenir un accès dans un club prestigieux
Dénicher le job convoité dans son entreprise.
Nous allons voir aussi que tous les jeux ne sont pas égaux.
Il y a des jeux à sommes nulles et des jeux à sommes positives.
Le jeu de statut est un jeu à somme nulle car pour augmenter mon statut, je dois prendre la place de quelqu’un dans la hiérarchie.
À l’inverse, le jeu de la création de richesse sur Internet est un jeu à somme positive car il n’est pas relié à une hiérarchie préexistante.
Nous avons plusieurs problèmes dans notre rapport aux jeux de la vie :
Nous n’avons pas conscience d’être dans des jeux régis par des normes, règles, stratégies etc.
Nous n’avons que rarement conscience de la qualité et de la pertinence du jeu auquel nous jouons.
Est-ce un jeu qui va m’aider à être plus heureux ?
Va-t-il contribuer à ma mission personnelle ?
Nous avons encore moins idée de comment exploiter ce jeu pour en tirer le meilleur à l’échelle personnelle et collective (famille, communauté, bien commun).
On se retrouve donc à prendre part à une multitude de jeux sans la notice de ceux-ci. Et sans avoir connaissance de leur version “finale”.
C’est comme si vous essayez de monter un meuble Ikea sans la notice. Le tout, sans savoir la nature du meuble que vous êtes en train de monter.
Prenons le cas des startups.
Lorsque j’ai commencé à vouloir entreprendre dans ce milieu, je n’avais pas conscience des règles du jeu auquel je prenais part.
Je ne connaissais pas les fondamentaux pour bien lancer et développer une startup.
De plus, j’ai entrepris pour pouvoir exercer une de mes valeurs cardinales qui est la liberté.
Or, être fondateur de startup n’offre pas la liberté. Les jeux auquel nous jouons en étant startuper sont ceux du pouvoir et du statut, éventuellement celui de la richesse.
Si je l’avais su dès les prémisses, aurai-je poursuivi cette aventure ? Je ne saurai dire.
Mais je sais dorénavant que l’écriture et le solopreneuriat sont des activités qui correspondent mieux à ma définition de la liberté et à ma personnalité.
Vous devez maintenant mieux comprendre ce qu’est un jeu ainsi que ses enjeux sous-jacents.
Ainsi que l’impact de connaître ou non les règles et principes qui le constituent pour être en mesure de l’exploiter intelligemment.
Ce principe du Philopreneur va changer votre manière de voir votre quotidien.
En effet, vous allez commencer à voir et penser vos activités professionnelles, sociales et personnelles en jeux.
Vous allez être en mesure de les déconstruire pour comprendre la racine de ceux-ci ainsi que les règles et les mécanismes.
Et surtout, vous allez être en mesure de les exploiter pour améliorer votre vie et celle de votre entourage (voire du bien commun).
Mais aussi, de choisir les jeux auxquels vous allez souhaiter prendre part ou non, en connaissance de cause.
Vous aurez peut-être envie de jouer à certains jeux dans certaines phases de vie puis les mettre de côté ou inversement.
Voici une liste non exhaustive de bénéfices :
Sortir des “rats races” dans lesquels on est engagé
Être intentionnel dans les jeux auxquels on prend part
Une capacité à générer de l’abondance et de l’optionalité
Ne plus être frustré de ne pas comprendre certaines dynamiques sociales
Être en mesure de créer son propre jeu
S’extraire des jeux néfastes pour son bien-être, ses relations, sa vocation (travail)
Remplacer les jeux à sommes nulle part des jeux sommes positives
Ne pas être (que) le produit de son époque tout en la comprenant et en exploitant ses avantages.
Stéphane et les analphabètes du XXIe siècle
Dans le roman La Poursuite de l’idéal de l’écrivain Patrice Jean, nous fait suivre la construction identitaire de Cyrille.
Cyrille est un homme au début de la vingtaine, au début du roman, qui veut devenir poète.
C’est un esthète et un idéaliste.
Il a une relation compliquée avec la modernité (ou postmodernité) qu’il rejette.
Il cherche du sens à sa vie qui n’en présente que peu jusqu’alors. Il est un défenseur de la culture classique, des grands auteurs français, de la vie tournée vers et pour l’art.
Il va se retrouver confronté à la réalité de la vie mais aussi de son époque.
Être poète n’est plus une profession rémunératrice depuis au moins deux siècles (et encore elle ne l’a jamais vraiment été).
Comme tout homme dans la vingtaine, il va être tiraillé entre son désir de s’élever socialement et celui de rester aligné avec ses convictions et idéaux.
Il se rend compte petit à petit que la société peut rapidement nous corrompre dès lors que l’on essaye de participer à certains de ces jeux.
Il aimerait séduire certaines femmes qu’il rencontre mais ne comprend pas très bien comment tout cela fonctionne.
Quand il est en couple avec une femme qu’il aime, il comprend qu’il doit faire des choix “de carrière” qu’il préférerait éviter pour le “bien du ménage”.
Quand il essaye de faire exprimer sa plume, il glisse doucement vers des idéologies extrémistes.
Il n’aime pas le politiquement correct mais doit se conformer pour subsister et avancer dans le “jeu de la vie”.
Il n’aime pas les jeux de statut mais se rend compte qu’un de ses amis peut l’aider à trouver des emplois inaccessibles.
Cyrille est un jeune homme tiraillé.
Il vit entre deux mondes mais il n’en assume aucun.
Il ne comprend pas comment tirer parti de sa sensibilité classique, de son amour des grandes œuvres de l’esprit.
Sans pour autant mieux comprendre quels sont les dynamiques et les leviers à exploiter de son époque.
Mais au moins il a le mérite d’essayer de trouver un compromis, une voix satisfaite tout au long du roman.
Ce n’est pas le cas de Stéphane, notre archétype de la vie par défaut.
Il n’a pas conscience d’être le participant de plusieurs jeux avec des interdépendances, des règles, des stratégies à connaître.
Il sent bien qu’il y a des gagnants et des perdants.
Il a l’impression d’être du côté des perdants. Mais il n’a aucune idée de comment faire partie des gagnants.
Il est attentiste. Il espère qu’un homme providentiel ou je ne sais quel autre miracle vienne inverser le cours de son destin.
Il s’engage dans les mauvais jeux : les jeux sommes négatives.
Ceux qui sont difficiles à gagner et qui n’apportent pas les états émotionnels recherchés : bien être, bonheur, épanouissement, sérénité.
Nous allons voir quelles sont les raisons qui rendent Stéphane analphabète.
Car au XXIe siècle, ne pas savoir lire, comprendre et exploiter les différents jeux sociaux est un boulet que l’on traîne tout au long de sa vie.
L’inculture et la négation du passé empêchant de comprendre son présent et le futur
Lorsque j’étais au collège, j’avais beau avoir des cours d’Histoire, de géographie, de physique et de SVT.
Je n’arrivais pas à conscientiser l’impact de ces disciplines sur propre existence ainsi que sur mon environnement direct.
Je vivais comme si le monde avait commencé à ma naissance.
J’étais persuadé que les Walt Disney que je regardais enfant avaient été produits dans les années quatre-vingt-dix (où je suis né).
Quelle fut ma surprise lorsque j’appris au lycée que Pinnochio était un film produit en 1940.
L’Histoire ne m’avait donc pas attendu ? Il existait des dessins animés avant ma naissance ?
Cet exemple vous paraîtra peut-être ridicule mais c’est pourtant ainsi que nous vivons au quotidien.
Étant limité par notre représentation du monde, nous avons tendance à le réduire à ce que nous vivons et comprenons.
Il nous est difficile d’imaginer que des hommes ayant vécu il y a 2 000 puissent être aussi (voir plus) intelligents que nous.
Mais aussi qu’ils avaient les mêmes envies et partagés les mêmes problèmes.
Tim Ferriss explique dans un podcast qu’il pensait que Sénèque était un auteur contemporain lorsqu’il l’a lu la première fois.
Le philosophe stoïcien a pourtant foulé et quitté notre monde il y a 2 000 ans.
Ce qui n’empêche en rien à sa sagesse d’être intemporelle.
C’est ce qui fait que l’on peut lire Les Lettres à Lucilius en ayant l’impression d’être avec un ami nous offrant de précieux conseils pour mener notre existence moderne.
Nous voyons aussi émerger cette idée de “Blank State”.
En psychologie, ce terme fait référence à la croyance selon laquelle tous les humains naissent avec la capacité de devenir littéralement n'importe quoi ou n'importe qui.
Cette croyance minimise les effets de la génétique et de la biologie sur le développement de la personnalité humaine.
L’auteur Steven Pinker a écrit un livre ayant pour titre Blank State dans lequel il s’oppose à cette vision.
Il développe à l’inverse, l’idée que nos comportements sont fortement influencés par notre nature qui est le produit de l’évolution.
Cette négation de la nature humaine serait une façon de combattre une peur, celle de l’inégalité parmi les hommes.
Or, il y a des inégalités que l’on ne pourra jamais nier (grâce aux expériences sociales et aux données factuelles).
Comme la différence de traitement que va avoir une personne jugée attractive et belle avec une personne considérée comme neutre ou moche.
Peu importent les critères de beauté, qui eux pourraient différer selon les époques et les cultures.
Plutôt que de voir la nature comme un élément figé.
La psychologie évolutionniste nous amène à la considérer comme une lente évolution qui se façonne à travers des dizaines voir centaines de millénaires.
Elle est stable à l’échelle d’une civilisation comme la nôtre qui n’existe que depuis quelques millénaires.
À l’inverse la culture évolue très vite. Elle est protéiforme.
Elle est le filtre de l’ensemble des événements se produisant ayant une caisse de résonance suffisante pour devenir une norme temporaire.
Ne pas comprendre (ou du moins accepter) le rôle de la nature ou de la culture sur notre manière de penser ou de vivre est un ticket gratuit vers une existence dégradée.
Il est préférable de sortir la tête de sa petite lunette pour être un étudiant amateur de la vie, de l’Histoire de notre espèce, de la psychologie humaine.
Autrement dit, bâtir sa représentation du monde sur des principes intemporels.
Tout en étant un étudiant de son époque, capable de comprendre ce que la culture propose et pourquoi nous semblons adhérer majoritairement à celle-ci.
Puis croiser nos découvertes intemporelles avec les outils de son époque.
Comme la psychologie qui va vous permettre de comprendre le fonctionnement de la nature humaine, que l’on peut associer au marketing qui va utiliser des stratégies et des outils modernes en s’appuyant sur une connaissance plus ancienne.
Travailler dans un paradigme du 20eme siècle mais penser et vivre selon l’esprit du 21ème siècle
Dans Harry Potter, les jeunes magiciens appellent les non-magiciens les moldus.
En effet, les magiciens sont avantagés par leurs connaissances, qu’ils peuvent exploiter ou non en dehors de l’enceinte de Poudlard et de la confrérie des magiciens.
De nos jours, les moldus sont ceux qui n’ont pas connaissance d’une autre manière de travailler que celles qui sont proposées depuis la révolution industrielle.
Un de mes biais personnels est d’avoir toujours été entrepreneur et d’être entouré en grande majorité (pour ne pas dire exclusivement) d’entrepreneurs de toutes sortes.
Néanmoins, lorsque je revois des anciens amis non-entrepreneurs, je constate qu’ils n’ont aucune idée des leviers modernes.
Et encore moins de connaissance sur la manière de les exploiter pour bâtir une vie et un “métier” qui leur correspondrait plus.
Ce sont des moldus modernes vivant soient dans l’ignorance ou dans l’incapacité d’exercer (pour des raisons d’ordre sociales plus qu’intellectuelles) les actions à portée de mains (et de clics) pour devenir remarquable à l’ère du numérique pour reprendre le titre du livre de Valentin Decker.
Le paradoxe de cette population est d’être hyper moderne dans leur manière de vivre et de penser.
Attiré par tous ce que la technologie et le capitalisme consumériste leur proposent.
À savoir : un accès illimité au supermarché de la dopamine comme nous l’avons vu dans le principe de la Citadelle Intérieure.
Tout en étant coincé dans un paradigme d’un autre temps dès lors qu’il s’agit de penser et d’agir sur sa carrière mais aussi sur son développement personnel.
On sait utiliser internet pour regarder de la pornographie, pour poster des selfies sur Instagram, pour scroller et consommer du contenu divertissant toute la journée.
Mais on ne sait pas l’utiliser pour construire des actifs digitaux, pour chercher et apprendre les compétences les plus valorisées (tels que le copywriting, le code, la production de contenu).
En réalité, ceci est plutôt logique.
Nous avons tendance à conserver les structures et modèles d’un ancien paradigme lorsqu’un nouveau émerge.
Vous pouvez le constater en visitant des pays de l’Europe de l’Est, qui bien qu’essayant de s’extraire de l’influence du communisme restent très marqués dans leur mentalité par cette période.
Ou prenons l’exemple du Web qui dans sa première version a voulu archiver et reproduire l’ensemble des informations à disposition dans notre monde physique.
Ce que nous appelons le Web 2 (l’ère des réseaux sociaux et des applications) continua à reproduire des modèles basés sur le monde physique : place de marché, service de livraison etc.
C’est seulement avec le Web 3 (décentralisation, blockchain, partage de la valeur) que l’on va commencer à générer une économie et des pratiques originales du web.
Le problème du paradigme révolu touche même les entrepreneurs.
Prenez le cas des free-lances. Ce sont des personnes qui échangent une compétence et leurs temps contre de l’argent. C’est sensiblement la même chose que le salariat.
De plus, la plupart des freelances ont du mal à vivre de leurs activités car ils sont indifférenciés les uns des autres.
C’est que j’appelle le syndrome de “Malt”.
Ils utilisent des plateformes qui les obligent à se concurrencer les uns les autres sur une base première qui est le prix.
Or, cette stratégie démontre que le free-lance n’a pas compris le jeu dans lequel il évolue.
Comme l’explique Naval Ravikant, Internet vous permet de créer votre propre marché et d’échapper à la compétition - ou concurrence.
Nous verrons comment faire plus tard dans ce principe (la semaine prochaine).
Ceux qui prospèrent à notre époque ont tendance à être ceux qui, à l’inverse de la majorité, travaillent en comprenant le nouveau paradigme du travail et de la création de richesse de leurs époques.
Mais qui vivent et pensent en prenant en compte la sagesse des anciens, en essayant de (parfois) s’extraire de l’esprit du temps pour ne pas être en l’exploité mais l’exploiteur.
Ne pas s’appuyer sur les épaules des géants nous ayant précédés
Chaque grand homme ayant foulé cette Terre aurait pu faire sienne cette maxime :
Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants
Une métaphore attribuée à Bernard de Chartres, utilisée pour montrer l'importance pour toute personne ayant une ambition intellectuelle de s'appuyer sur les travaux des grands penseurs du passé (les « géants »).
Or, la connaissance est un pouvoir sous-valorisé et sous exploité de nos jours.
La connaissance amène ceux qui sont dans cette quête, tel l’était Aristote mais aussi tout philosophe qui se respecte, (la philosophie était une quête vers la sagesse à travers la connaissance) vers l’acceptation de ne pas connaître grand-chose in fine.
Elle est aussi ce qui permet de naviguer avec plus de brio dans les mers mouvementées des jeux de notre existence.
À l’inverse, l’ignorance coûte cher. Elle exacerbe nos peurs et nos maux.
Nous le voyons lorsque nous avons un problème à régler. Il est toujours plus difficile de la résoudre la première fois que nous le rencontrons, d’autant plus si nous n’avons pris le temps de le comprendre et le décomposer en amont.
Or, celui qui s’éduque sur ce problème et le déconstruit va pouvoir le résoudre plus sereinement et peut être même apprécier l’expérience.
La connaissance est clé pour mener une vie qui vaut la peine d’être vécue.
Mais dans une ère de la surabondance des informations comment savoir sur quoi faire baser notre savoir ?
Question légitime avec une réponse simple : l’effet Lindy.
L’effet Lindy est une théorie selon laquelle l'espérance de vie future d'une chose non périssable, telle qu'une technologie ou une idée, est proportionnelle à son âge actuel.
Plus une chose a survécu longtemps, plus la probabilité qu'elle continue à survivre augmente.
Sa longévité indique une résistance au changement, à l'obsolescence ou à la compétition.
Naval Ravikant en est un parfait exemple, il se concentre sur les fondations d’un domaine qu’il juge important.
S’il s’intéresse à l’évolution ou à la psychologie évolutionniste, il va étudier Darwin en premier.
S’il s’intéresse à l’économie de marché, il va étudier Adam Smith.
S’il veut faire des mathématiques “pratiques”, il va se concentrer sur les bases : arithmétiques, probabilités et statistiques.
Il cite également Charlie Munger, l’associé historique du célèbre investisseur Warren Buffet :
Ce dont vous avez besoin, c'est d'un ensemble de modèles mentaux dans votre tête. Et, avec ce système, les choses s'emboîtent progressivement d'une manière qui améliore la cognition.
Commençons par définir ce que sont les modèles mentaux grâce à Shane Parrish de Farnam Street, le site le plus réputé au monde sur le sujet :
Les modèles mentaux nous permettent de comprendre le monde. Ils déterminent non seulement ce que nous pensons et comment nous comprenons, mais aussi les liens et les opportunités que nous voyons. Les modèles mentaux sont la façon dont nous simplifions la complexité, la raison pour laquelle nous considérons certaines choses plus pertinentes que d'autres, et la façon dont nous raisonnons. — Farnam Street
Ce sont donc des cartes permettant de simplifier la complexité du monde. Mais aussi de faire des raisonnements analogiques.
Un modèle mental est simplement une représentation de la façon dont quelque chose fonctionne. Nous ne pouvons pas conserver tous les détails du monde dans notre cerveau, c'est pourquoi nous utilisons des modèles pour simplifier la complexité en morceaux compréhensibles et organisables — Farnam Street
Ce livre et les principes que j’y développe sont des modèles mentaux que vous allez pouvoir utiliser.
Prenez le principe #2 Agir sur ce qui dépend et vous et accepter ce qui n’en dépend pas.
Avec ce modèle mental en tête, basé sur des préceptes philosophiques, vous allez pouvoir régulièrement le mobiliser pour aider votre jugement dans des situations l’exigeant.
Lors de l’été 2021, j’ai décidé de consacrer deux mois à l’étude et la pratique du stoïcisme.
Après un mois, je me suis rendu compte que j’avais intégré de nombreux modèles mentaux que je pouvais activer (même inconsciemment) dans de nombreuses situations de mon quotidien.
Le problème c’est que par défaut, nous blindons notre esprit de préconceptions, de biais divers, d’idéologies simplificatrices et de raisonnements superficiels.
Nous ne prenons plus le temps de construire des fondations solides et intemporelles pour appuyer notre pensée.
C’est bien dommage puisque celles-ci permettent de voir le monde avec des lunettes vous rendant capable de distinguer les tendances intemporelles dans le flux de la modernité afin d’en tirer avantage (ou de s’en désengager).
La compréhension de principe de base comme la loi de l’offre et de la demande en économie, les effets cumulés en finances ou les biais humains en psychologie offre un arsenal d’outils conférant un avantage comparatif colossal.
On ne prend donc pas au sérieux la construction d’un savoir de principes cardinaux permettant de comprendre le monde et les être humains.
Mais nous ne prenons également pas la vie avec sérieux. Ce qui pose divers problèmes.
C’est que nous allons voir maintenant.
Ne pas prendre la vie avec sérieux
Dans une discussion, il y a parfois une phrase évoquée par notre interlocuteur qui va nous marquer pendant des semaines.
C’est ce qui m’est arrivé début 2022, lorsqu’un de mes clients en coaching évoqua l’idée que “la vie était une affaire sérieuse chez les personnes de confession juive”.
En tant qu’étudiant et pratiquant du stoïcisme, cette approche “sérieuse” de l’existence me parle beaucoup.
Cette citation est restée dans un coin de ma tête pendant longtemps, jusqu’à figurer dans les notes préparatoires à l’écriture de ce chapitre.
Je me suis posé la question de ce qu’il en était dans notre société contemporaine, en France et en Occident.
La vie est-elle une affaire sérieuse ? Les individus conçoivent-ils leur vie ainsi ?
Par sérieux, nous entendons, ayant de la valeur, qui doit être respectée et honoré.
Pour les stoïciens, c’est le cas puisqu’ils considèrent que nous avons tous un rôle à jouer, chaque individu faisant partie d’un grand Tout.
Notre vie avait donc un sens et une valeur qui nous poussait à trouver puis à jouer notre partition.
Mais de nos jours les choses semblent bien différentes.
Si la vie est un jeu “sérieux”. Elle est donc le “meta jeu” ou sur-jeu.
Elle est composée comme nous l’avons vu d’une multitude de jeux auxquels nous prenons part.
Or, la majorité de ces jeux sont centrés sur la quête de statut (réseaux sociaux), de richesse (carrière, investissement) ou de plaisir immédiat (consommation).
Les jeux modernes sont centrés sur l’individualisme exacerbé par le modèle de société que nous avons choisi depuis la révolution industrielle.
Ainsi que la baisse d’influence de la religion (et de tout ce qui a trait au culte étant lié à la communauté).
La vie centrée sur l’individu(alisme) peut donc difficilement être une affaire sérieuse dès lors qu’elle n’a que pour objet l’individu cherchant à satisfaire ses plaisirs immédiats et ses désirs personnels.
Elles se concentrent sur des quêtes à court terme.
Ne dépassant pas le cadre de la journée dans le cas des plaisirs et le cadre de son existence individuel concernant la richesse et le statut.
Cette vision manque de projection à long terme mais aussi de transcendance.
Quand ces deux dimensions de la pensée existentielle font défaut, on se retrouve avec une population qui a du mal à investir en soi - et encore moins sur l’autre ou sur le monde.
Nous avons vu précédemment que le nihilisme avait continué à gagner du terrain depuis la prophétie de Nietzsche au XIXe siècle.
Le nihilisme est l’antithèse de l’investissement dans la vie.
Le contraire d’une vie vue comme étant une affaire sérieuse.
Nos problèmes individuels nous paraissent sérieux, les grandes causes nous paraissent fondamentales, détruire son ennemi parait de la plus grande importance.
Mais faire de son existence un projet sérieux nécessitant un travail sur soi, une capacité à se responsabiliser, à développer son antifragilité ou encore à faire des sacrifices paraissant inconcevable pour de nombreux de nos contemporains.
Or, pour “gagner” au jeu de la vie, nous devons poursuivre ce chemin difficile à court terme mais qui nous récompense au centuple à long terme.
Il faut construire sa citadelle intérieure.
L’enjeu est de quitter les jeux finis (notamment certains jeux de statut) pour se concentrer sur les jeux à long terme, les jeux infinis.
Le but n’étant pas de prendre à autrui mais de créer et partager avec autrui.
Prendre la vie avec sérieux est ce qui permet de bien choisir les jeux auxquels nous prenons part.
La rat race devient futile. Les jeux de statuts (sans limites) puérils
Le sérieux de la vie permet la volonté de puissance de Nietzsche.
L’homme étant amené biologiquement à étendre sa “puissance”, il peut le faire soit au détriment des autres (jeux à sommes nulles ou négatives) soit aux bénéfices de ceux-ci (jeux à sommes positives).
L’homme étant un animal social, il a plus intérêt à exercer sa volonté de puissance au bénéfice du bien commun, ou du moins de sa communauté.
Pour cela, mieux vaut se concentrer sur les jeux à long terme, qui permettent grâce aux effets cumulés de bénéficier de cette “puissance” est s’éloigner des petits jeux qui ne font que nous ramener à notre animalité la plus basse ainsi qu’à notre individualisme le plus exacerbé.
Cette réflexion peut sembler décorréler de notre principe.
Mais elle est centrale pour faire usage des idées qui suivront dans la deuxième partie.
Quand on joue à un jeu, quel qu’il soit, il faut respecter les règles de celui-ci. Il faut le prendre au sérieux afin de le décortiquer, le comprendre puis l’exploiter.
La vie est un jeu sérieux qui peut vous apporter bien plus que vous pouvez l’imaginer dès lors que vous l’acceptez et agissez en conséquence dans vos actions au quotidien.
Malheureusement, la manière de vivre par défaut nous incite à prendre au sérieux les choses triviales.
Et à dénigrer les pensées et les actions permettant d’honorer la vie et lui montrer qu’on la respecte comme : le travail sur soi, la construction d’une œuvre, son développement personnel et physique, une existence basée sur des valeurs cardinales etc.
Conclusion (et conséquences de la non-utilisation du principe)
Dans cette première nous avons donc essayé de démontrer en quoi il est intéressant de voir la vie sous forme de jeux auxquels on peut choisir de prendre part ou non.
Parmi les choses importantes à retenir :
Il y a des jeux intemporels et des jeux contemporains qui s’entremêlent. L’enjeu est de se placer à l’intersection de ceux-ci
Il faut de l’ancien paradigme industriel en exploitant les leviers modernes générateurs de richesses tels que le code et le média.
Les jeux finis doivent être évités et remplacés par des jeux infinis
La connaissance d’un jeu est fondamentale pour choisir d’y participer (ou non) et être en mesure de l’exploiter.
Il faut baser sa connaissance sur des premiers principes et des modèles mentaux
Prendre la vie avec sérieux permet de l’investir sur le long terme et de développer votre “puissance” et donc votre impact.
La semaine prochaine, nous verrons la partie “ vie intentionnelle” et pratique du principe.
Je m’arrête ici pour cette semaine.
Partagez-moi votre avis sur l’édition par mail (en répondant à celui-ci).
Pour me suivre (et échanger) entre les éditions, ajoutez-moi sur Instagram.
Passez une bonne semaine et à lundi prochain !
JCK from Budapest 🇭🇺
PS. : Si l’édition vous a plu, vous pouvez cliquer sur le petit ❤️ juste en dessous du titre de cet e-mail. C’est une autre façon d’encourager mon travail !