Chaque lundi à 16h30, je vous propose des réflexions à l’intersection de l’entrepreneuriat et de la philosophie. Le but étant de se poser des questions, et apporter quelques pistes de réponses, pour mieux vivre, penser et travailler à notre époque.
J’en profite pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux abonnés. Vous pouvez en savoir plus sur moi ici et consulter les anciennes éditions.
Bonjour à tous,
Il y a quelques semaines, un ami m’a demandé s’il était possible d’avoir une discussion sur le thème de “la peur de la mort” pour donner du grain à moudre à l’un de ses projets.
J’ai accepté avec plaisir, la notion de “la mort” étant une de celle qui m’intéresse le plus en philosophie. Celle-ci étant directement liée à celle de la vie.
En apprenant à mieux vivre la mort, on enterrait peut-être cette peur de vivre pleinement sa vie.
Écrivant cette newsletter le dimanche matin et ayant (eu) ma discussion avec mon ami le dimanche après-midi. J’ai décidé de consacrer l’édition du jour à ce thème.
Au programme de la semaine :
Comment vivre en sachant que nous allons mourir un jour ?
Le bon plan du Philopreneur : un docu-fiction sur l’anxiété à voir absolument
Le coaching Philopreneur avec votre lot d’actions et de réflexions
Comment vivre en sachant que nous allons mourir un jour ?
La mort. Rien que l’évocation de ce terme peut nous donner des sueurs froides. Nous sommes nombreux à préférer la mettre de côté, loin de notre esprit.
Pourtant, vous allez voir, tenter de penser la mort permet de mieux l’appréhender.
Peut-être même de mieux la vivre et donc in fine de mieux vivre.
Avant de philosopher ensemble sur la mort. Partons de la définition commune que l’on donne à ce terme.
Du latin mors, la mort s'entend comme la fin de la vie, la cessation physique de la vie. C’est un état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre.
Personnellement, quand je pense à la définition de la mort, je suis tout de suite tenté de la lier à celle de la vie.
Mais autant définir la mort est “simple”, autant définir ce qu’est la vie, le vivant est complexe. La vie semble dépasser l’état dans lequel notre organisme biologique est en étant de marche. J’échoue à lui donner une définition unique à ce moment de notre réflexion.
Pour nous aider, on va prendre un exemple.
Les dernières années, avec la pandémie, nous avons tous été confrontés, de près ou de loin avec l’idée de la mort. Celle-ci faisait même la une des médias chaque jour en 2020…
La mort paraissait comme un fléau à éviter à tout prix, “quoi qu’il en coûte” avons-nous entendu.
Cette stratégie pouvait très bien se comprendre les premiers mois avec le manque de recul sur la létalité du virus.
Cependant les décisions prises après l’été 2020 sont certainement un symptôme du rapport que nous entretenons avec la mort.
Sans juger moralement ce choix, force est de constater que nous avons préféré adopter une posture de “survie” et de mise en arrêt de “la vie normale” pour se protéger face à une menace.
Si notre rapport à la mort est de vouloir l’éviter à tout prix.
La définition de la vie serait donc la négation de la mort. Vivre ce serait de ne pas mourir.
Mais ne serait-ce pas une définition très limitante de la vie ? Vivons-nous vraiment pour ne pas mourir ?
Dans ce cas, nous n’aurions pas d’intérêt à sortir de chez nous, pandémie ou non.
Nous allons essayer de dépasser ce rapport à la mort pour essayer de l’accepter (un peu plus).
Encore mieux, essayons de trouver des réponses pour bien vivre tout en sachant que nous allons mourir un jour. D’en faire un allié et non un ennemi.
La mort est-elle dans ou en dehors de la vie ?
Il y a plusieurs manières de considérer la mort. Est-elle un événement ou un processus ?
Autrement dit, est-ce que je meurs un jour ? Ou, un peu chaque jour ?
Si l’on pense la mort comme un événement qui surviendra un jour.
Celle-ci peut être effrayante car nous ne savons pas quand l’événement interviendra. Elle peut même devenir paralysante.
À l’inverse, elle peut ne pas nous préoccuper, n’étant jamais sous nos yeux. Elle paraît abstraite et nous vivons comme si elle n’existait pas. Nous nous pensons et vivons comme des immortels.
Le problème de ces deux approches de la mort est qu’elles entraînent une paralysie ou de la procrastination.
J’ai peur de mourir donc je me mets en position de survie, je me fige pour ne pas prendre le risque de mourir (ce que nous avons vécu pour certains pendant la pandémie).
Où, au contraire, n’ayant pas ma finitude en tête, je n’ai pas d’intérêt d’agir aujourd’hui puisque demain m’est garanti.
Maintenant, voyons la mort comme un processus.
Nous mourrons un peu chaque jour. Nous sommes comme le sablier qui s’écoule lentement mais sûrement. Le temps passe et nous sommes nous-même le temps.
Je suis plutôt partisan de ce rapport à la mort.
Celui-ci permet de générer le sentiment d’urgence nécessaire, le souffle de vie dont nous avons besoin pour oser, créer, prendre des risques, pour vivre et non survivre.
Les stoïciens proposaient d’avoir quotidiennement la mort en tête : “Memento Mori” (Souviens toi que tu vas mourir).
Ils pratiquaient les préméditations dans lesquels ils se représentaient - entre autres - la fin de leur vie ou celles de leurs proches. Ces projections permettaient de “se préparer à la mort” tout en prenant conscience de la chance d’être en vie.
C’était aussi un rappel de se replacer dans le moment présent, le seul qui n’a jamais existé et qui confère l’éternité à celui qui sait y vivre.
De plus, ils voyaient la mort comme quelque chose d’indifférent car ne dépendant nullement de nous. La mort fait partie de la vie mais n’est rien car nous ne pouvons rien faire pour l’éviter.
L’école rivale d’Epicure (l’épicurisme) avait une conception différente.
Pour les épicuriens '“la mort n’est rien pour nous”. Elle est un “non-événement”.
Tant que nous existons la mort n’est pas, et quand la mort est là nous ne sommes plus" - Epicure
Donc, nous pouvons voir la mort comme un processus quotidien permettant de nous mettre en mouvement et sortir d’une posture protectrice ou comme un non-événement pour ne plus la craindre.
C’est un début, voyons maintenant plus amplement quel est l’impact de notre finitude sur notre manière de vivre.
L’impact de notre finitude sur notre manière de vivre
Nous l’avons vu, trop penser à la mort peut paralyser, nous faire prendre une posture défensive face à la vie.
Il y a un lien entre notre finitude et le temps qui passe. Chaque seconde nous rapproche de cette inéluctabilité.
Auparavant, la religion chrétienne, qui était bien plus présente dans nos vies occidentales, influait sur notre conception de la vie et donc du temps.
Puisque ma vie terrestre n’était qu’une première étape vers une deuxième vie dans l’au-delà.
Mais depuis que “Dieu est mort” comme disait Nietzsche. Nous sommes nombreux à ne plus avoir que cette vie terrestre.
La pression est forte. Il faut savoir la vivre, bien utiliser notre temps car celui-ci est compté et incertain.
Nietzsche, toujours, incitait les hommes à prendre la responsabilité avec des idées tels que le “surhomme” nous incitant à construire nos propres valeurs et s’affranchir de celles de la religion ou de la société.
La nécessité et le devoir pour l’Homme de “devenir qui il est”.
Puisque nous sommes mortels et que nous n’avons qu’une vie.
Peut-être devons nous trouver des moyens de dépasser la mort ?
Peut-on dépasser la mort ?
La mort est-elle inéluctable ? Peut-on la dépasser ?
De cette angoisse de la mort naissent plusieurs tentatives de réponses que les hommes ont suivies naturellement ou élaborées à travers les siècles.
Commençons par la plus naturelle qui est bien sûr d’avoir des enfants.
Nous sommes “programmés” depuis des centaines de milliers d’années de façon à souhaiter transmettre nos gènes.
Poursuivre sa vie à travers celle d’un autre, de son enfant. Puis d’une lignée.
Une autre manière de “tromper la mort” est de constituer une œuvre.
Cette volonté de dépasser notre mortalité terrestre peut nous donner l’élan de créer : des entreprises, des œuvres artistiques, de se lancer dans diverses aventures.
Nous avons vu dans la partie précédente que la religion permettait de dépasser la mort puisque la vie terrestre et sensible n’est qu’un passage nous amenant vers une autre existence.
Il en était de même pour Platon qui distinguait le corps et l’esprit (ce qui influencera le christianisme). Le corps serait, selon lui, mortel et l’âme immortelle.
Il y a une nouvelle “religion” qui émerge depuis quelques années/décennies : le transhumanisme.
Menée par des figures de la technologie comme Ray Kurzweil, Peter Thiel, les fondateurs de Google ou encore Elon Musk.
Elle naît de cette volonté de dépassement des limites de l’homme (et de la peur de la mort). Celle-ci veut augmenter les capacités de l’homme et le rendre immortel.
Les transhumanistes voient la mort comme la maladie des maladies. Or, toute maladie pourrait se soigner, donc la mort pourra se soigner.
Qu’on adhère ou non à la vision du monde des transhumanistes.
Elle pose des questions intéressantes :
l’Homme doit-il toujours essayer de dépasser sa condition et utiliser tous les moyens possibles pour cela
l’Homme est-il encore un homme en étant augmenté artificiellement ?
Le chemin que nous proposent les transhumanistes nous oblige à nous demander ce que serait la vie sans la mort.
Car comme disait le philosophe Jankelevitch “La mort est le non-sens qui donne un sens à l’existence”
Dès lors que la mort n’est plus. La vie a-t-elle encore un sens ? Peut-on encore parler de vie ? Ne doit-on pas inventer un autre terme ?
Enfin, si la vie a besoin de la mort pour être. Ne peut-on pas voir la mort avec plus de respect et moins de peur ?
Puisque si celle-ci confère à la vie son sens. Nous devrions sans doute la considérer comme l’ami de la vie. Comme la condition même de nos existences.
Le bon plan du Philopreneur
Les anciens abonnés le savent, j’aime partager des ressources.
C’est le retour “des bons plans” avec une ressource (article, podcast, vidéo, livre) chaque semaine pour vous aider à mieux vivre, penser et travailler à notre époque.
=> Vidéo : L’anxiété au 21ème siècle d’Emile Roy
Un de mes youtubeurs favoris, le québécois Emile Roy vient de sortir un projet mêlant fiction et documentaire de 50 minutes sur l’anxiété au XXIe siècle.
Je l’ai regardé samedi soir, c’est excellent ! Je pense que c’est un format que vous n’avez jamais vu sur Youtube.
Le docu/fiction traite de l’impact du covid, des confinements mais aussi plus largement des réseaux sociaux et des différentes problématiques que notre modernité hypertechnologique a engendré. Il présente les différents troubles auxquels nous pouvons être confrontés ainsi que des pistes pour sortir de cette spirale négative que peut causer l’anxiété.
Le coaching Philopreneur
Chaque semaine, je vous propose pour finir quelques réflexions et actions en liens avec certains des sujets abordés dans l’édition. Pour en savoir plus sur mes offres de coaching rendez-vous ici.
Réflexions :
Comment pouvez-vous utiliser “la pensée de la mort” ou “Memento Mori de manière positive dans votre vie ?
À l’inverse, qu’est ce qui est négatif dans votre rapport à la mortalité aujourd’hui ? Que pourriez-vous changer ?
Actions :
Quelle œuvre (de votre vie) avez-vous envie de construire ? Quelle action pouvez-vous mettre en place cette semaine pour poser une première brique ?
On s’arrête ici pour cette édition.
Comme chaque semaine, je vous encourage à réagir à mes propos.
Vous pouvez m’écrire en répondant directement à ce mail, à jeancharleskurdali@gmail.com ou sur Linkedin si vous préférez.
C’est toujours un plaisir de vous lire et d’entamer ainsi des correspondances, des discussions et parfois des amitiés.
Passez une bonne semaine.
JCK from Istanbul 🇹🇷
Salut Jean-Charles, ça fait réfléchir! Avec le temps, je remarque qu'il y a peu de choses qui restent motivantes si ce n'est cet aspect de brièveté de l'existence. Je viens de redécouvrir ta newsletter et en plus tu as fait partie de l'écosystème The Family (une inspiration pendant toutes mes études), j'aime beaucoup ton post !
Je suis porté par cette vision de créer un business qui a du sens... et pour ça ma métrique c'est "l'impact". Mais j'ai du mal à mesurer cet impact... Toi, comment tu le fais pour ton business ?