Hello !
J’écris ces lignes du 12ème étage de l’immeuble de mon nouvel airbnb à Tblissi.
Je vous parle de cet appartement car j’ai découvert en discutant avec le propriétaire qu’il est réalisateur de long métrage et que son appartement était le repère de la nouvelle génération de réalisateurs géorgiens.
4 films diffusés au cinéma ces dernières années en Géorgie furent écrits (leurs scénarios) dans la pièce où je me trouve, dont celui du propriétaire des lieux.
C’est beau ce hasard de la vie. Rencontrer un réalisateur la semaine où j’apprends à monter mes petits projets de vidéo sur Youtube ! J’en ai profité pour le bombarder de questions sur ce métier, sur ses motivations et sur le milieu du cinéma en Géorgie.
J’avais envie de vous partager cette anecdote pour ouvrir cette édition.
Voici le programme du jour :
3 concepts et idées qui me font réfléchir en ce moment
2 citations et ressources que je recommande
1 exercice pratique
C’est parti !
3 réflexions du moment
Sélection et développement de 3 idées, concepts ou réflexions tirées de mon “second cerveau”
1) La sérénité que procure l’intemporalité
Vous le savez, depuis cet été, j’ai décidé de laisser une grande place dans ma vie à l’étude et à la pratique de la philosophie en commençant par le stoïcisme.
Si vous l’avez loupé, voici mon cours gratuit d’introduction au stoïcisme que j’ai mis en ligne lundi dernier.
Un des bienfaits de la pratique du stoïcisme est l’atteinte d’une forme de tranquillité, de paix intérieure.
Mais au-delà de cette tranquillité inhérente à la philosophie, il y a aussi le fait de s’intéresser à un sujet intemporel, qui stable et qui à passer l’épreuve du temps.
Cela me procure une forme de sérénité et de plaisir.
C’est agréable de sentir que ce que l’on étudie nous sera utile toute notre vie et que nous n’avons pas à nous presser par peur de louper une opportunité ou une tendance.
Dans un monde où l’on prône la nouveauté, la vitesse et la superficialité, je pense qu’il est important de s’en échapper au maximum est d’aller chercher des sources intemporelles que ce soit pour notre vie professionnelle à travers des compétences (écriture, psychologie humaine, vente etc) mais aussi dans notre vie personnelle (lire des classiques, étudier la philosophie, se plonger dans notre histoire).
L’intemporel permet de nous ancrer dans le présent, tout en étant un continuum de la vie, du passé au futur, celui-ci étant là pour durer si l’on se réfère à l’effet Lindy.
2) Le joueur de tennis stoïcien
Si je vous demande quel est le but d’un joueur de tennis qui a un match à jouer. Qu’allez-vous me répondre ?
Certainement, de gagner son match.
Le résultat est ce que nous retenons, ce qui semble compter plus que tout, voir uniquement.
Mais si Sénéque avait joué au tennis, il n’aurait pas eu cet objectif.
Il se serait posé la question de ce qu’il allait contrôler ou non. Il aurait considéré que le résultat d’un tel événement ne dépend que partiellement de nous.
Il aurait placé le résultat du match dans les choses qu’il ne contrôle pas.
Celui-ci dépendant de paramètres hors de son contrôle comme le niveau de son adversaire, les aléas pouvant advenir pendant le match (une blessure, une bande du filet sur un point important, une balle faute de quelques centimètres etc.)
Par contre, son but aurait été de concentrer toute son attention sur ce qu’il contrôle : sa préparation physique, mentale et tactique, son entraînement, sa nutrition, sa concentration et capacité à être dans le moment présent pendant le match, jouer chaque coup de raquette de son mieux…
Vous voyez l’idée.
Ce faisant, il met toutes ses chances de son côté de remporter le match.
Paradoxalement, plus qu’en se concentrant sur la victoire, sur le résultat final.
Mais il y a plus important, peu importe l’issue du match, sa satisfaction doit provenir de cette intention, celle de donner le meilleur de soi, d’avoir fait le maximum sur ce qui était en son contrôle.
Comment être déçu lorsqu’on a donné le meilleur de soi ?
C’est quelque chose que j’essaye d’avoir en tête dorénavant.
Même si la société ne valorise que le résultat final, ma victoire sera celle du processus comme nous disons à notre époque.
Le succès c’est de se dire qu’on a tout donné et qu’on ne laisse aucun regret que ce soit sur le terrain de tennis ou dans notre vie.
3) L’illusion biographique
Ce concept que m’a présenté Simon Dautheville cet été, provenant du sociologue Bourdieu, m’est revenu lorsqu’on m’a demandé dans un podcast de déconstruire mon parcours afin de comprendre ce qui fait mon “succès” ou du moins ce que je suis et fais aujourd’hui.
Nous sommes très bons pour construire des histoires, des narratifs à postériori pour expliquer nos décisions, les raisons de nos succès ou échecs, la construction de notre identité et de notre personnalité.
C’est d’ailleurs un danger quand nous écoutons ou lisons les “success story”, les personnes concernées essayent de rendre cohérents et logiques leurs succès, mais la réalité c’est qu’il est impossible de comprendre l’entièreté de ce qui fait le succès d’une personne.
Il y a bien trop de variables et la personne interrogée ne peut saisir pleinement la part de hasard et de chance qui lui a permis de réussir là ou des milliers d’autres personnes sur la ligne de départ n’ont pas atteint son niveau de succès (je précise que succès est un terme très relatif quand je l’utilise dans cette newsletter).
C’est ce qu’on appelle d’ailleurs le biais du survivant. On ne demande jamais aux milliers autres d’écrits un livre ou d’être entendu dans un podcast.
Pour conclure et revenir sur le podcast où j’étais invité, j’ai donc présenté cette idée avant de partager mon parcours, cela me permet de moins chercher à raconter une histoire cohérente, à faire preuve d’humilité.
Il ne faut pas tromper les auditeurs en leur faisant croire que tout le monde peut répliquer - à coup sûr - mon parcours ou celui de toute autre personne invitée à témoigner dans des médias.
2 citations pour nous aider à mieux vivre au 21ème siècle
Sélection de deux citations (et de leur contenu ou livre associé) que j’ai appréciées récemment.
Pour être heureux il faut donc un jugement sain ; il faut que, content du présent quel qu'il soit, on sache aimer ce que l'on a ; il faut que la raison nous fasse trouver du charme dans toute situation.
La vie heureuse — Sénéque
Une réflexion de Sénéque, le stoïcien romain, qui fait très “Amor Fati” (accepte ton destin).
Pour le stoïcien, il faut savoir juger les choses telles qu’elles sont, ne pas se raconter des histoires, car ce sont les histoires qu’on se raconte qui nous causent du trouble, des soucis.
Un événement n’est ni bon ni mauvais, il est neutre. C’est notre perception qui le rendra bon ou mauvais.
Pour les stoïciens, nous n’avons pas le contrôle de l’événement mais de notre interprétation puis de notre réaction de celui-ci.
Cet événement, il faut donc savoir l’accepter et l’aimer tel qu’il est et comme dit Sénéque “trouver du charme dans toute situation”.
Stéphane, vivez, profitez de chaque jour, de chaque instant. Ça paraît banal, ça paraît con de le dire comme ça. Le vieux con qui fait sa petite leçon de sagesse. Mais je vous le dis parce que je vous aime. Vous êtes ambitieux, c’est bien. Moi aussi, j’étais ambitieux. Mais le plus important : soyez vous-même. Soyez qui vous êtes. Faites ce qui compte vraiment pour vous, ce que vous sentez profondément. Ne vous préoccupez pas de ce que les autres peuvent penser ou dire de vous. Ne cherchez pas à être ce que vous croyez qu’on voudrait que vous soyez. Ne cherchez pas, pour faire plaisir à qui que ce soit, à vivre sans être en accord avec l’homme que vous êtes, vous. Osez toujours être vous et alors vous vivrez la vie que vous voulez, celle qui vous rendra heureux, et vous aimerez.
De grandes ambitions - Antoine Rault
Longue citation tirée du roman que je lis actuellement avant d’aller me coucher.
Ce sont les mots d’un professeur à son élève, quelques jours avant que ce premier ne décède du sida. Il est alors très mal en point et fait ce témoignage à son élève favori venu le voir une dernière fois.
Ça me fait penser à Nietzsche et son “Deviens qui tu es”.
Que c’est dur dans notre société qui fait tout pour nous rendre identique, remplaçable et uniforme. Mais quelle belle quête !
C’est d’ailleurs un des objectifs de la philosophie, apprendre à ses adeptes à penser par eux-mêmes pour eux-mêmes et la société.
C’est ce que l’on appelle l’individuation. On en reparlera bientôt.
1 exercice à pratiquer cette semaine
L’anticipation de nos regrets avant de mourir
Il y a des centaines, milliers de témoignages à travers les siècles de personnes partageant leurs regrets avant de mourir.
C’est une source de sagesse exceptionnelle que nous devrions écouter mais nous le faisons que trop peu car nous avons globalement peur de la mort dans notre société contemporaine.
Voici la liste des 5 regrets les plus courants tirés de ma lecture du livre Happy de Derren Brown
I wish I’d had the courage to live a life true to myself, not the life others expected of me.
I wish I hadn’t worked so hard.
I wish I’d had the courage to express my feelings.
I wish I had stayed in touch with my friends.
I wish that I had let myself be happier.
Cette semaine, je vous propose de revenir ici, de relire ces 5 regrets (de les mettre quelque part où vous pourrez y accéder dans le futur) et de méditer sur chacun de ces points et vous demander :
Lesquels de ces regrets vous parle le plus ?
Que pouvez-vous faire cette semaine pour faire éviter ces regrets à votre futur vous ?
Que pouvez-vous mettre en place dans votre vie, dans votre quotidien pour cultiver les comportements qui vous éviteront d’avoir ces regrets quand votre dernière heure arrivera ?
Je m’arrête ici pour aujourd’hui. C’est un plaisir d’écrire ces newsletters depuis mon retour en septembre. J’espère que vous aimez également les lire.
Dites-moi en réponse de ce mail laquelle quelle est votre réflexion favorite parmi les trois partagées dans la première rubrique ?
Vous pouvez me solliciter en répondant directement à ce mail.
Allez, je retourne apprendre comment monter une vidéo !
Passez une bonne semaine et à lundi prochain,
JCK